Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce furent certainement les flagellants qui organisèrent le massacre des Juifs de Francfort. À Mayence, les Juifs ne voulurent pas périr sans résistance. Trois cents d’entre eux se munirent d’armes et se défendirent avec acharnement. Après avoir tué deux cents de leurs persécuteurs, et sur le point de succomber sous le nombre, ils mirent le feu à leurs maisons et se précipitèrent dans les flammes. La plus importante communauté de l’Allemagne — environ six mille âmes — fut ainsi détruite.

On sait que les magistrats de Cologne ne croyaient pas à la culpabilité des Juifs et leur témoignaient de la bienveillance. Mais dans l’affolement général, la foule ne savait plus obéir, elle méconnut les ordres des chefs de la ville et tomba, à son tour, sur les Juifs. Ceux-ci étaient alors très nombreux à Cologne, car à ceux qui résidaient depuis longtemps dans cette ville étaient venus se joindre tous les Juifs des environs. Ils furent attaqués par la populace le jour même où succombèrent leurs coreligionnaires de 1layence. Il y eut bien chez eux quelques tentatives de résistance, mais leurs ennemis étaient trop nombreux, et à la fin ils furent tous massacrés.

liais comment énumérer la lugubre série des villes où les Juifs furent brûlés eu se jetèrent eux-mêmes dans les flammes ? Ces épouvantables tueries se propagèrent de localité en localité, à travers toute l’Allemagne, depuis les Alpes jusqu’à la mer du Nord, avec la désespérante régularité d’une épidémie.

D’Allemagne, la contagion gagna la Bavière et la Souabe. Les plus anciennes agglomérations juives furent exterminées. Augsbourg, Würzbourg, Munich, tuent leurs Juifs. À Nuremberg, on haïssait particulièrement les Juifs parce que, dans cette ville de commerce, ils possédaient des richesses considérables et de belles maisons, et qu’ils avaient de nombreux débiteurs. L’empereur Charles IV connaissait la situation. Aussi déclara-t-il d’avance au Conseil de la ville qu’il le rendait responsable des mauvais traitements qui seraient infligés aux Juifs. Mais on ne tint nul compte de ses ordres. Sur une place appelée plus tard Judenbühle (Butte aux Juifs), les chrétiens, adeptes d’une religion qui prêche l’amour des hommes, élevèrent un immense bûcher et y brûlèrent tous les Juifs qui n’avaient pu s’enfuir. À Ratisbonne également, où se