Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/301

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plus écouté du roi et l’accompagnait partout avec les grands du royaume.

Un jour, les ennemis du roi parvinrent à l’attirer avec une partie de sa suite dans la forteresse de Toro. Tous les courtisans qui accompagnaient Don Pedro, et parmi eut Samuel, furent jetés en prison ; plusieurs d’entre eux ainsi que le grand maître de Calatrava furent même exécutés. Un peu plus tard, Samuel parvint à s’échapper avec Don Pedro, et cette circonstance resserra encore les liens d’amitié entre le souverain et son favori.

À la suite de la trahison de Toro, la Castille fut ensanglantée par la guerre civile. Don Pedro châtiait cruellement ceux de ses ennemis qui tombaient entre ses mains. Mais il ne prenait conseil que de sa colère, et le ministre juif, comme le reconnaissaient ses adversaires eux-mêmes, n’était pour rien dans ces représailles. La lutte fut surtout acharnée à Tolède. Les frères du roi s’efforçaient de s’emparer de cette ville, qui était défendue vaillamment par les partisans de Don Pedro, et tout particulièrement par les Juifs. Ils parvinrent cependant à y pénétrer, grâce à la complicité de quelques amis, qui leur ouvrirent secrètement une porte. Leurs soldats se précipitèrent alors dans les quartiers qui étaient principalement habités par des Juifs. Dans la seule rue d’Alcana, ils tuèrent environ douze mille personnes, hommes, femmes, vieillards et enfants.

La ville intérieure résistait cependant encore, les Juifs, appuyés par des chevaliers, avaient fortement barricadé les portes et se battaient avec un courage héroïque. Don Pedro eut ainsi le temps de venir au secours de la ville et de la délivrer. Il fut accueilli par ses partisans avec des clameurs joyeuses, mais il se montra impitoyable pour ses adversaires.

Grâce à la sagesse de ses conseils, à l’habileté de son administration financière et au zèle qu’il déploya pour la cause de Marie de Padilla, Samuel grandit de plus en plus dans la faveur de Don Pedro. Son influence était considérable, ses richesses immenses, et il avait à son service quatre-vingts esclaves noirs. Mais il semble n’avoir su rien faire pour la cause du judaïsme et l’avenir de ses coreligionnaires. Une inscription dit, il est vrai, qu’il travailla pour le bien de ses frères, mais il ne comprit pas en