Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/310

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difficiles. Tous deux avaient à cœur de maintenir intact le judaïsme, de faire régner la paix parmi leurs coreligionnaires et d’affermir les courages.

Hasdaï ben Abraham Crescas (né vers 1340 et mort vers 1410) était d’abord établi à Barcelone et plus tard à Saragosse. Quoique versé dans le Talmud, il n’exerçait cependant pas les fonctions de rabbin. Du reste, ses nombreuses occupations ne le lui auraient pas permis. Il était, en effet, en relations avec la cour du roi Juan Ier et les grands d’Aragon, et en recourait souvent à ses conseils. Très familiarisé avec les diverses doctrines philosophiques de son époque, il avait assez de profondeur d’esprit pour être devenu lui-même un penseur original. Le premier il montra les points faibles de la philosophie d’Aristote, qui faisait alors autorité aux yeux de tous les penseurs juifs. Il resta toujours profondément convaincu des vérités du judaïsme. Hasdaï était doux et bienveillant, plein de pitié pour les faibles et les malheureux ; il multiplia ses efforts pour adoucir en partie les souffrances qui atteignirent de son temps les Juifs d’Espagne.

Plus âgé que lui, son ami Isaac ben Schèschet Barfat (né vers 1336 et mort en 1408) lui ressemblait par le caractère, mais différait de lui par les idées. Élève du fils et des disciples de Ben Adret, il était, comme ce dernier, un talmudiste remarquable par la netteté de son intelligence et la clarté de ses explications, mais comme ce dernier aussi, et même plus que lui, il était ennemi de la science. Ben Adret avait cédé aux circonstances en interdisant à la jeunesse les études profanes, mais Ben Schèschet, suivant l’exemple des Ascherides, les défendit même aux hommes. d’âge mûr. Il était persuadé que les sciences naturelles et la philosophie ébranlaient les fondements du judaïsme. Cette étroitesse d’esprit mise à part, Ben Schèschet était une personnalité éminemment sympathique, toujours disposé à sacrifier ses intérêts particuliers au bien général. Très doux d’habitude, il se montrait d’une sévérité excessive dès qu’il croyait le moindre usage religieux, la moindre prescription talmudique en danger.

Les démêlés de Ben Schèschet avec Hayyim Galipapa sont vraiment caractéristiques. Ce rabbin (né vers 1310 et mort vers 1380), qui dirigeait les communautés de Huesca et de Pampelune, fut, au