relever avec éclat aux yeux de la chrétienté en amenant, par ses efforts, la conversion en masse des Juifs d’Espagne.
Dans ce but, et de concert avec le roof Don Ferdinand, il fit convoquer (fin de l’année 1412) les plus savants rabbins et écrivains juifs d’Aragon à un colloque religieux, à Tortose. À cette réunion, Josua Lorqui devait leur démontrer par le Talmud que le Messie était déjà arrivé et qu’il s’était incarné dans Jésus. La cour papale voulait surtout convertir au christianisme les Juifs éminents de l’Aragon, persuadée que les chefs une fois convertis, la foule suivrait d’elle-même. Ce fut Jérôme de Santa-Fé qui dressa la liste des personnes qu’on devait convoquer ; ceux qui s’abstenaient s’exposaient à être sévèrement punis par le pape ou le roi. Vingt-deux Juifs des plus considérables d’Aragon se présentèrent à ce colloque, ayant à leur tête le poète et médecin Don Vidal Benveniste ibn Labi (Ferrer), de Saragosse, fils de Salomon de la Caballaria, et issu, par conséquent, d’une famille de vieille noblesse juive. On trouvait encore parmi eux Joseph Albo, de Monreal, disciple de Hasdaï Crescas et philosophe très pieux ; Zerahia Hallévi Saladin, de Saragosse, traducteur d’un ouvrage de philosophie arabe ; Astruc Lévi, de Daroque, homme très considéré de ses contemporains, et Bonastruc, de Girone, que le pape avait fait convoquer d’une manière particulièrement pressante.
Ces représentants du judaïsme aragonais possédaient tous une culture générale assez grande, et leur chef, Don Vidal, parlait bien le latin. Mais il leur manquait cette fermeté de caractère et cette force d’âme qui en imposent à l’ennemi le plus acharné, et qui inspirèrent à Nahmani des accents si dignes et si fiers, quand il défendit seul la cause du judaïsme contre deux adversaires implacables, le dominicain de Peñaforte et le renégat Pablo Christiani. C’est que les persécutions et les humiliations répétées avaient abattu le courage des plus vaillants. À l’heure des épreuves, cette élite du judaïsme aragonais ne sut pas s’élever à la hauteur de sa mission. Quoiqu’ils se fussent entendus entre eux, avant le colloque, pour s’exprimer avec modération mais avec fermeté, et pour marcher toujours d’accord, ils ne tardèrent pas à se diviser et à donner prise sur eux.
Sur l’ordre du pape, Jérôme établit un programme pour ce