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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/351

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Sur l’ordre de l’archiduc, la femme du sacristain et ses deux prétendus complices ou instigateurs du crime, Israël et sa femme, furent amenés à Vienne, emprisonnés et contraints de faire des aveux. On ne dit pas quels moyens furent employés pour faire avouer les coupables. Mais on connaît les procédés dont usaient les tribunaux chrétiens du moyen âge dans des affaires de ce genre.

À la suite de ce prétendu crime, l’archiduc Albert fit arrêter, un matin, et incarcérer tous les Juifs de son royaume (1420). Les biens des riches furent confisqués, et les pauvres expulsés du pays. Dans les prisons, on avait séparé les femmes de leurs maris et les enfants de leurs parents. Quand on supposa que le découragement et le désespoir avaient fait leur œuvre, les prêtres chrétiens se rendirent auprès des malheureux prisonniers pour les engager à se convertir. Les âmes faibles cédèrent naturellement, mais beaucoup d’autres, inébranlables dans leurs convictions religieuses, se tuèrent et donnèrent la mort à leurs proches en s’ouvrant les veines, en s’étranglant, en utilisant tous les moyens qu’ils pouvaient avoir à leur disposition. Les enfants furent enfermés dans des cloîtres. Parmi les survivants,, ceux qui restèrent fidèles à leur Dieu en dépit des supplices et de l’emprisonnement, furent livrés aux flammes. Plus de cent victimes périrent ainsi à Vienne même (mars 1421), brûlées dans une prairie, au bord du Danube. Un édit de l’archiduc Albert interdit à l’avenir le séjour de l’Autriche à tous les Juifs.

Quoique baptisés, las nouveaux convertis étaient restés attachés, au fond du cœur, aux croyances de leurs ancêtres, et, dès que les circonstances la leur permirent, ils quittèrent t’Autriche pour se réfugier soit en Pologne, au nord, soit en Italie, au sud, ou bien en Bohême. Hais ce dernier pays devint de moins en moins sûr pour eux. La lutte religieuse entre catholiques et hussites était devenue une lutte nationale entre Allemands et Tchèques. Des deux côtés on chercha et l’on trouva des alliés. L’empereur Sigismond réunit des forces considérables, prenant à sa solde lansquenets, Brabançons et Hollandais. Des bandes armées accoururent de toutes parts pour pénétrer dans les vallées de la Bohème et marcher sur Prague, où, malgré sa cécité, l’héroïque