Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/352

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Ziska organisait avec une ardente activité la défense de son pays. Partout où ils passaient, les soldats allemands déployaient leur valeur contre les malheureux Juifs. Nous allons au loin, disaient-ils comme autrefois les croisés, pour venger notre Dieu qu’on outrage, nous ne devons donc pas épargner ceux qui l’ont tué. Dans les provinces rhénanes, en Thuringe, dans la Bavière, ils tuaient tous les Juifs qu’ils rencontraient et qui refusaient d’abjurer, menaçant d’exterminer toutes les communautés quand ils reviendraient en triomphateurs. Bien des pères de famille prenaient déjà leurs dispositions pour faire égorger leurs enfants à la moindre alerte et les empêcher de tomber vivants entre les mains de ces meurtriers.

Devant l’imminence du danger, de nombreuses communautés demandèrent conseil au rabbin le plus considéré de l’époque, Jacob ben Moïse Moellin Hallévi, de Mayence, plus connu sous le nom de Maharil (né vers 1365 et mort en 1427), et auteur de mélodies liturgiques et de règlements synagogaux qui sont encore en usage aujourd’hui en Allemagne, en Pologne et en Hongrie. Maharil envoya des messagers dans les communautés voisines pour leur ordonner d’organiser des jeûnes publics ; cet ordre devait être transmis de proche en proche par toutes les communautés. Après s’être réunis dans les synagogues pour prier et faire pénitence, et après avoir jeûné plusieurs jours (1421), on clôtura cette période de deuil par un jeûne d’une durée de trois jours consécutifs, qui fut observé avec la même rigueur que le jeûne du jour de l’Expiation. Dans l’intérêt de leur salut, ils demandèrent à Dieu de faire triompher les hussites.

Leurs vœux semblèrent se réaliser, car. à l’annonce de l’approche de Ziska, l’armée impériale et les hordes de mercenaires rassemblés près de Saaz furent pris d’une telle terreur, qu’ils s’enfuirent en débandade et retournèrent dans leurs pays. Épuisés de fatigue et affamés, plusieurs de ceux qui avaient juré la mort des Juifs venaient leur demander un morceau de pain.

Mais les dominicains, qui prêchaient dans les églises contre les hussites, continuaient en même temps leurs excitations contre les Juifs. Ceux-ci, menacés encore une fois dans leur sécurité, implorèrent l’aide de Martin V, qui émit une nouvelle bulle en leur