jusqu’au sang et y commettaient des actes obscènes. Les Juifs aussi avaient déshonoré autrefois leur temple. C’est pourquoi Dieu, dans sa sagesse, a enlevé la ville sainte aux Juifs et aux chrétiens pour la placer sous la domination des musulmans ; car ces derniers la préserveront sûrement de toute profanation. Le prêtre chrétien et le médecin juif, confus, restèrent silencieux devant ces observations.
Pour mettre fin aux attaques dirigées par les chrétiens contre le judaïsme, Hayyim ibn Mousa essaya de leur fermer l’arsenal où ils puisaient leurs armes, c’est-à-dire les ouvrages du franciscain Nicolas de Lyre, en réfutant toutes les assertions émises dans ces écrits. Il avait aussi remarqué que les plus laborieuses discussions ne donnaient aucun résultat certain et que chacun des deux adversaires s’attribuait sincèrement la victoire, parce qu’on ergotait, d’habitude, sur des points secondaires et qu’on ne prenait jamais la précaution de s’entendre sur les prémisses qui devaient servir de fondement à l’argumentation. Il pensa donc qu’il serait utile pour ses coreligionnaires de se conformer, dans leurs controverses, à des lois données et de savoir défendre le judaïsme d’après des principes fixes, et, dans ce but, il réunit un certain nombre de règles dans un ouvrage qu’il intitula : Bouclier et glaive.
À Alger aussi, où pourtant l’Église ne faisait aucune propagande, la polémique antichrétienne eut deux représentants, Simon ben Cémah Duran et son fils Salomon Duran. Il est vrai que par leur origine, comme par leur éducation, ils appartenaient à l’Espagne. Dans son examen philosophique du judaïsme, Simon Duran (né en 1361 et mort en 1439) consacre à la religion chrétienne un chapitre spécial intitulé : Arc et Bouclier. On voit par ce chapitre que Simon Duran connaissait parfaitement le Nouveau Testament et les dogmes chrétiens, et grâce à cette érudition spéciale, il lui fut possible d’emprunter à ses adversaires mêmes les éléments de la critique acérée qu’il dirigea contre le christianisme.
Salomon Duran Ier (né vers 1400 et mort en 1467) avait succédé à son père comme rabbin d’Alger. Tout en étant un talmudiste remarquable, il désirait voir prédominer l’influence de la raison