Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/360

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dans le domaine du judaïsme, et, fort différent en cela de son aïeul Nahmani et de son père, il était ennemi déclaré de la Cabale. Sous le titre de : Lettre de combat, il publia un traité assez étende contre les accusations de Jérôme de Santa-Fé.

La philosophie religieuse, à laquelle des penseurs juifs d’Espagne avaient seuls imprimé un caractère scientifique, jeta pendant cette période ses dernières lueurs dans ce pays. Les mêmes hommes qui défendaient leur religion contre les attaques des chrétiens la protégeaient également contre les obscurantistes juifs que toute lumière gênait et qui, à l’exemple des dominicains, exigeaient une foi aveugle. Pour des zélateurs comme Sehem Tob ibn Schem Tob, qui ne connaissaient que le Talmud et dont l’esprit était troublé par les élucubrations de la Cabale, les études scientifiques menaient à l’hérésie. Frappés de ce fait que la plupart des Juifs qui avaient abjuré sous l’influence des prédications de Vincent Ferrer et de la propagande du pape Benoît XIII étaient des gens cultivés, ces mystiques se sentaient affermis dans leur conviction que toute instruction profane, toute réflexion en matière religieuse était dangereuse pour la foi. Leur dédain pour la science et les spéculations philosophiques les conduisit tout naturellement à condamner Maïmonide et tous les penseurs juifs. Mais ils rencontrèrent un adversaire redoutable dans Joseph Albo, qui, sous le titre de Ikkarim, Principes, composa un traité de théologie, où il essaie de déterminer les vérités fondamentales du judaïsme et de fixer les frontières indiquant où finit la foi et où commence l’hérésie.

Joseph Albo (né vers 1380 et mort vers 1444), de Monreal, un des principaux représentants du judaïsme au colloque de Tortose, se vit probablement contraint, par l’intolérance du pape Benoît, d’émigrer à Soria. Comme il était médecin, À avait étudié les sciences naturelles, telles qu’elles étaient connues de son temps, et, en sa qualité de disciple de Hasdaï Crescas, il était familiarisé avec la philosophie contemporaine. Quoique sincèrement attaché au judaïsme talmudique, il aimait, comme son maître, les spéculations philosophiques. Mais il n’avait pas la pénétration d’esprit de Hasdaï Crescas et ne savait pas toujours conduire son argumentation avec une rigoureuse logique. Désireux de rechercher