Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/366

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quand on défendit aux Juifs d’occuper une chaire dans une école ; les Juifs allemands n’osaient pas aspirer, à cette époque, à enseigner dans une université.

À la suite des résolutions prises par le concile contre les Juifs, les sentiments de malveillance que les masses leur manifestaient devinrent encore plus intenses, et prirent un caractère particulier de violence à la fin du XVe siècle. Dans les contrées mêmes où la population juive n’avait pas trop souffert jusqu’alors de la haine de l’Église, elle allait bientôt subir les plus douloureuses persécutions. Du reste, le destin paraissait réellement s’acharner contre les malheureux Juifs. À l’heure où les membres du concile de Bâle forgeaient contre eux de nouvelles armes, survint en Allemagne la mort de l’empereur Sigismond (1437). Non pas que ce prince fût pour eux un défenseur bien zélé ; comme il avait de grands besoins d’argent, il les accablait d’impôts de toute sorte. Mais, du moins, ne permettait-il pas qu’on les maltraiter. Son successeur, le duc Albert d’Autriche, était un ennemi implacable des Juifs et des hérétiques, et il les aurait volontiers exterminés tous ensemble si les hussites n’avaient eu de bonnes armes pour se défendre et si les Juifs n’avaient été une source inépuisable de revenus. Mais, sous son règne, on pouvait impunément infliger aux Juifs les avanies les plus humiliantes, et quand le conseil d’Augsbourg décida d’expulser la communauté juive (1439), il s’empressa de ratifier cette résolution inique. On leur accorda un délai de deux ans pour vendre leurs maisons et leurs biens-fonds. Ils furent ensuite tous chassés, et on employa les pierres tumulaires de leur cimetière comme matériaux de construction. Heureusement, Albert II ne régna que deux ans, laissant la couronne à Frédéric III. Ce souverain était bon et équitable, mais faible, et, quoique disposé à protéger les Juifs, il manquait de l’énergie nécessaire pour les défendre efficacement. Ils auraient pourtant eu besoin d’un protecteur puissant à cette époque. Car, à côté de leurs nombreux adversaires, un nouvel ennemi se levait contre eux, plus cruel et plus acharné que tous les autres, le moine franciscain Jean de Capistrano.

Au début de son pontificat, Eugène IV, qui était parvenu à se maintenir pape en dépit de l’hostilité du concile de Bâle, montra