Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/365

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nuire aux Juifs, ils tentèrent d’intéresser le concile de Bâle à leurs mauvais desseins.

Pendant les treize ans qu’il resta réuni (juin 1431 - mai 1443), ce concile délibéra sur toutes les grandes affaires européennes, s’efforçant de faire rentrer les hussites dans le giron de l’Église, de corriger les mœurs du clergé et des moines et de convertir les Juifs. Ces derniers surtout étaient l’objet des préoccupations du concile. Comme il lui paraissait nécessaire de les humilier peur raffermir le christianisme, il renouvela contre eux toutes les anciennes mesures restrictives et en promulgua de nouvelles. C’est ainsi qu’il remit en vigueur les dispositions canoniques qui défendaient aux Juifs d’avoir des relations avec les chrétiens, de les employer comme domestiques, d’être leurs médecins, d’occuper des emplois publics, et qui leur prescrivaient de porter des vêtements distincts et de demeurer dans des quartiers spéciaux. À ces anciennes prohibitions, il ajouta un certain nombre de défenses qui étaient nouvelles ou qui, du moins, n’avaient pas été ratifiées jusqu’alors par l’autorité supérieure ecclésiastique. Les Juifs ne pouvaient obtenir aucun grade universitaire et devaient être contraints, même par la violence, d’aller écouter les prédications des convertisseurs ; on résolut également d’enseigner dans les écoles supérieures l’hébreu, le chaldéen (et l’arabe), pour faciliter la conversion des Juifs. On voit par là que le concile de Bâle accepta tous les articles de la bulle de Benoît XIII, quoique ce pape fût mort en état d’hérésie. Ce concile s’occupa également des Juifs convertis. Il prescrivit de se montrer bienveillant à leur égard, mais aussi de les surveiller pour qu’ils ne pussent pas se marier entre eux.

Il est probable que, dans ses délibérations, le concile de Bâle n’eût pas abordé la question juive, complètement étrangère à son. ordre du jour, s’il n’y avait été incité par les apostats Gonzalo et Alfonso de Cartagena, que le roi Don Juan II avait délégués à cette assemblée, où Alfonso était très considéré comme théologien et jurisconsulte. On reconnaît, du reste, l’influence des deux frères dans plusieurs des résolutions votées par le concile, et qui n’avaient de raison d’être qu’autant qu’elles étaient dirigées contre les Juifs d’Espagne. Ainsi, on ne pensait certes pas à l’Allemagne