Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/369

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Grâce à ce bref. Alvaro de Luna était absolument maître de la fortune et de la vie des nouveaux chrétiens. Il suffisait, pour les perdre, d’une apparence de preuve qu’ils avaient observé secrètement des pratiques juives. Le tribunal institué par Nicolas V pour juger les nouveaux chrétiens pouvait déjà faire prévoir l’Inquisition, qui allait soumettre, en Espagne, toute une génération de Marranes à des épreuves telles que jamais peuple ai race n’en avaient subies. Sous l’impulsion de l’effroyable danger qu’Alvaro avait suspendu sur leur tête, les plus influents des Marranes firent un nouvel effort pour amener sa perte. Cette fois, ils réussirent. Le roi Don Juan fit comparaître Alvaro devant un conseil dont plusieurs membres étaient des Marranes. L’un de ceux-ci, Fernando Diaz de Toledo, prononça la sentence de mort contre le chancelier ; ses biens furent confisqués et il fut pendu (1453). C’est ainsi que succomba, sous les efforts réitérés des nouveaux chrétiens, un des protecteurs les plus zélés des Juifs de Castille, au moment où ceux-ci allaient être assaillis de nouveaux orages.

À Eugène IV succéda, en effet, Nicolas V, qui haïssait profondément les Juifs. Il commença par enlever aux Juifs italiens leurs anciens privilèges, confirmés peu auparavant par Martin V, et auxquels le pape Eugène même n’avait pas touché, puis il les soumit, par une nouvelle bulle, à toutes les lois restrictives que son prédécesseur avait édictées contre les Juifs de Castille. Cette bulle, qui remettait en vigueur toutes les dispositions iniques d’Eugène IV, eut pour les Juifs des conséquences particulièrement funestes, parce qu’elle chargea Jean de Capistrano, ennemi implacable des Juifs, ou, à son défaut, les moines franciscains, d’en surveiller la stricte exécution, et que Capistrano s’acquitta de sa tâche avec une férocité inouïe.

La malveillance manifestée par les papes et le concile de Bâle à l’égard des Juifs servait naturellement d’encouragement à tous les ennemis du judaïsme. C’est ainsi que le duc bavarois de Landshut, Louis le Riche, fit arrêter en un seul jour (1450) tous les Juifs de son royaume, enfermant les hommes dans les prisons et les femmes dans les synagogues, et s’emparant de leur argent et de leurs bijoux. Il autorisa les débiteurs chrétiens à ne payer à leurs créanciers