d’autrefois, et quand les légats du pontife parlèrent de croisade à la diète de Ratisbonne, on leur répliqua par ces dures paroles que le pape pas plus que l’empereur ne songeaient sérieusement à organiser une campagne contre les Turcs, mais qu’ils voulaient faire recueillir de l’argent pour le conserver. Capistrano lui-même échoua, quand il prêcha une croisade contre les Turcs ; il ne vit accourir à sa voix que des étudiants, des paysans, des moines mendiants et des gueux.
Il semble vraiment que ce fut par une intervention spéciale de la Providence que se fonda l’empire turc, pour servir d’asile aux malheureux Juifs, au moment même où les persécutions sévissaient contre eux en Europe avec une intensité croissante. Car Mahomet II se montra équitable et bienveillant pour les Juifs, les autorisant à s’établir librement à Constantinople et dans les autres vides, mettant à leur disposition des emplacements particuliers pour y demeurer, et leur permettant d’élever des synagogues et des écoles.
À la tête des communautés juives de Turquie, Mahomet II plaça un grand-rabbin. Ces fonctions furent confiées à un homme pieux, instruit et énergique, Moïse Capsali, que le souverain appela à faire partie du divan et honora de son estime, le faisant asseoir à côté du mufti et lui donnant la préséance sur le patriarche grec. Moïse Capsali (né vers 1420 et mort vers 1495) était autorisé par le sultan à exercer une sorte de souveraineté politique sur les Juifs de Turquie. Il faisait la répartition des impôts que les Juifs turcs devaient verser individuellement ou par groupes, dirigeait les encaissements et transmettait les sommes recueillies au Trésor impérial. Il possédait aussi le pouvoir d’infliger des punitions aux membres des communautés et de ratifier la nomination des rabbins. En un mot, il était le chef et représentant officiel du judaïsme turc.
Même le caraïsme se réveilla un instant de sa torpeur, dans l’empire turc, au contact des rabbanites. Les communautés caraïtes de Constantinople et d’Andrinople reçurent de nouvelles recrues, venues de la Crimée, de l’Asie et de la Pologne méridionale. Mais l’ignorance des caraïtes de ce temps était déplorable. Eux à qui leur religion ordonnait d’observer seulement les prescriptions que