Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/44

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fatimides et, sans doute, l’Égypte. Il reçut partout un accueil assez froid.

Cependant les circonstances devinrent subitement plus favorables, en Andalousie, pour Ibn Abitour. Quand Alhakem mourut (976), il ne laissait pour successeur qu’un enfant maladif, Hischam. L’État était, en réalité, dirigé par Mohammed Almanzour. Jacob ibn Gau, un des partisans d’Ibn Abitour, sut gagner les faveurs d’Almanzour et fut nommé (vers 985) prince et juge souverain de toutes les communautés juives du khalifat d’Andalousie. Seul il avait le droit de nommer les rabbins et les juges des communautés, et de répartir entre les Juifs les divers impôts qu’ils devaient payer. Il fut même autorisé à se faire accompagner d’une garde d’honneur, formée de dix-huit pages, et à sortir dans les carrosses de l’État.

Ibn Gau profita naturellement de sa position élevée pour destituer Hanok et nommer Ibn Abitour à sa place. Comme ce dernier était excommunié, l’interdit ne pouvait être levé sans l’assentiment de la communauté. Par égard pour Ibn Gau, les membres de la communauté, même les anciens adversaires d’Ibn Abitour, lui envoyèrent une adresse très flatteuse pour l’inviter à venir occuper le rabbinat de Cordoue. Déjà les préparatifs étaient faits pour le recevoir avec pompe, quand il écrivit d’Afrique pour refuser la dignité qui lui était offerte, louer les vertus et la piété de Hanok et conseiller à la communauté de le réintégrer dans ses fonctions.

Peu de temps après (vers 987), Ibn Gau dut quitter la cour et fut même emprisonné. Les motifs de sa disgrâce font honneurs à l’ancien favori, qui ne perdit sa situation que sur son refus de pressurer les communautés juives pour satisfaire la cupidité d’Almanzour. Il fut cependant remis en liberté et rétabli dans sa dignité par le khalife Hischam. Mais comme Almanzour lui était hostile, il ne recouvra plus son ancienne influence.

Quand Ibn Gau mourut, un des parents de Hanok s’empressa joyeusement de lui annoncer cette nouvelle. Mais Hanok fut très affligé de cette mort. Ibn Gau a toujours secouru généreusement les indigents, s’écria-t-il en pleurant. Qui le remplacera auprès d’eux ? Moi, je suis trop pauvre pour leur venir en aide. Hanok