Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/45

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survécut de quelques années à son adversaire. Il assista encore à la décadence de Cordoue et aux premières persécutions générales dirigées contre ses frères d’Allemagne, d’Afrique et d’Orient. Le dernier jour de la fête des Cabanes, il se tenait sur l’estrade de la synagogue (almemar) quand elle s’écroula. Il mourut de cette chute (septembre 1014).

Si de l’Espagne on passe en France et en Allemagne, la situation des Juifs offre un contraste frappant. Écartés par les lois canoniques de toute fonction officielle, ils étaient sans cesse troublés dans leur sécurité, leur commerce et la pratique de leur religion par les dignitaires de l’Église. Dans les provinces françaises, le pouvoir appartenait à la noblesse et aux prélats ; les rois étaient impuissants à protéger les Juifs contre l’arbitraire et la violence. Autrefois, les ecclésiastiques seuls nourrissaient des préjugés religieux contre les Juifs. Peu à peu, à la suite des excitations incessantes du clergé, le peuple était devenu également très hostile aux Juifs, dans lesquels il s’était habitué à voir une nation maudite et indigne de compassion. On les accusait d’exercer toutes espèces de sortilèges contre les chrétiens. À la mort de Hugues Capet (996), qui avait été soigné par un médecin juif, on répandit le bruit qu’il avait été assassiné par des Juifs, et les moines enregistrent gravement cette accusation dans leurs annales. Dans la Provence et le Languedoc, où l’autorité de la royauté était presque nulle, le sort des Juifs dépendait absolument des caprices des comtes et des vicomtes. Ici, ils possédaient des fermes et des satines, et là ils étaient traités en serfs.

En Allemagne, les Juifs n’étaient pas précisément opprimés, mais on ne leur était pas favorable. Par suite du système féodal qui régnait alors dans ce pays, ils ne pouvaient pas posséder des terres et étaient poussés tous vers le commerce. Juif et marchand étaient devenus synonymes. Les riches faisaient des affaires de banque et les autres empruntaient de l’argent à un taux relativement modéré pour se rendre à la foire de Cologne ; à leur retour, ils étaient généralement en état de s’acquitter de leurs dettes. À l’exemple des premiers Carolingiens, les empereurs d’Allemagne exigeaient des Juifs une contribution annuelle. Quand Othon le Grand voulut assurer des ressources à l’église nouvellement