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chrétiens grecs et bulgares, on ne s’étonnera pas que les Juifs fussent parfois exposés, en Turquie, à des violences ou à des iniquités. Mais le kahiya Schaltiel intervenait chaque fois, et souvent avec succès, en faveur de ses coreligionnaires.

Après Constantinople, c’était Salonique qui renfermait la population juive la plus considérable. Malgré son insalubrité, cette ville avait beaucoup d’attrait pour les émigrants sefardim. On y comptait à l’origine une dizaine de petites communautés, formées presque toutes d’éléments espagnols ; plus tard, il y en eut trente-six. Les Juifs formaient la majeure partie des habitants de Salonique. Samuel Usque nomme cette ville une mère en Israël et dit qu’elle renferme des plantes délicieuses et des arbres chargés de beaux fruits, comme on n’en trouve pas présentement sur toute la surface de la terre. Elle est devenue le refuge de la plupart des Juifs expulsés d’Europe et d’autres parties du monde, et elle fait à tous un accueil cordial et affectueux, comme si elle était Jérusalem, notre mère vénérée.

Les Juifs espagnols réussirent très vite à faire prévaloir leur autorité, à Salonique, sur les émigrants des autres pays et mime sur leurs coreligionnaires indigènes. Aussi la langue espagnole devint-elle prédominante parmi les Juifs de cette ville. Le plus célèbre de ces émigrants était certainement Juda Benveniste, petit-fils d’Abraham Benveniste, qui avait pu sauver assez de la fortune paternelle pour se créer une bibliothèque remarquable. Il devint en quelque sorte le porte-drapeau des Juifs espagnols. La science talmudique avait pour représentants, à Salonique, les membres d’une famille Taytasak et Jacob ibn Habib ; ils n’étaient pourtant pas des savants éminents. La philosophie et l’astronomie étaient également cultivées dans cette ville par des fugitifs sefardim, ainsi que la Cabale, qui y avait comme principaux adeptes Joseph Taytasak et Samuel Franco. Avec le temps, Salonique, dans la Turquie d’Europe, et Safed, en Palestine, devinrent des centres importants pour les études cabalistiques.

D’autres fugitifs allèrent s’établir dans l’Asie Mineure, à Amasieh, Brousse, Tria et Tekat, ou dans la Grèce, à Patras, Nègre-pont et Thèbes. Les Juifs de cette dernière ville passaient pour être de savants talmudistes. Il se forma également une communauté