Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/465

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Léon X, qui l’aimait beaucoup et tenait grand compte de ses conseils. Enfin, Jules II eut pour médecin le juif Siméon Çarfati.

À côté de ces médecins, il faut encore mentionner Abraham de Balmas (mort en 1521), de Lecce, médecin du cardinal Domenico Grimani, qui s’occupa en même temps de philosophie et composa sur la langue hébraïque un ouvrage qu’un chrétien publia avec une traduction latine ; Juda ou Laudadeus de Blanès, à Pérouse ; Obadia ou Servadeus de Sfurno (né vers 1470 et mort en 1550), établi d’abord à Rome, puis à Bologne, à la fois exégète et philosophe, et qui dédia quelques-uns de ses ouvrages hébreux, avec traduction latine, à Henri II, roi de France. Un autre médecin espagnol, Jacob Mantin (né vers 1490 et mort vers 1549), fut bien supérieur à tous ceux qui viennent d’être nommés. Venu de Tortose en Italie, il se distingua, à la fois par ses connaissances médicales, philosophiques et linguistiques. Outre l’hébreu et l’espagnol, il savait le latin, l’italien et l’arabe, et il traduisit plusieurs ouvrages de médecine et de métaphysique de l’hébreu ou de l’arabe en latin. Un de ces ouvrages philosophiques, traduit de l’arabe, est dédié à Andréas Griti, doge de Venise. Il fut au service d’un pape, de l’ambassadeur de Charles-Quint à Venise et du prince Hercule Gonzague, et jouit auprès de tous ses maîtres d’une grande considération. Mais, grand savant, il avait très mauvais cœur.

Abraham Farissol (né en 1451 et mort vers 1525), originaire d’Avignon, était venu, pour une cause inconnue, peut-être pressé par la misère, s’établir à Ferrare. Jusqu’alors, presque tous les écrivains juifs du moyen âge s’étaient occupés d’astronomie et d’astrologie. Il fut le premier auteur juif qui se consacrât à l’étude de la géographie. Ce furent sans doute la découverte des rivages de l’Afrique australe et des Indes, due aux Portugais, et la découverte de l’Amérique, faite par les Espagnols, qui lui inspirèrent le désir de s’adonner à cette science.

Accueilli avec bienveillance à la cour du duc Hercule d’Este Ier, de Ferrare, un des meilleurs princes de l’Italie, qui rivalisait avec les Médicis pour encourager les artistes et les savants, Farissol, sur l’invitation de son protecteur, soutint à plusieurs reprises des controverses religieuses avec des moines instruits.