Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/470

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aux chrétiens, avec menace d’un châtiment rigoureux et en faisant appel à leur respect pour la gloire de Dieu et au sain qu’ils devaient prendre de leur salut, de faire un achat quelconque pour un Juif. En dernier lieu, le conseil délibéra sur l’opportunité de solliciter de Maximilien le bannissement définitif de tous les Juifs de Ratisbonne, sauf vingt-quatre familles. Cette expulsion eut, en effet, lieu quelques années plus tard.

Outre Ratisbonne, il n’existait plus en Allemagne, en ce temps, que deux grandes communautés juives, celle de Francfort-sur-le-Mein et celle de Worms, qui, elles aussi, furent fréquemment menacées de proscription.

À Prague également demeuraient de très nombreux Juifs. Mais cette ville ne faisait alors pas partie de l’Allemagne proprement dite, elle se trouvait placée sous l’autorité de Ladislas, qui était à la fois roi de Hongrie et de Bohème. Malheureusement, le sort des Juifs de Bohème ne fut pas meilleur, sous le règne de Ladislas, que celui de leurs coreligionnaires d’Allemagne. Bien des fois, la populace de Prague pilla les habitants juifs de la ville, et la bourgeoisie demanda avec instance leur expulsion. Par contre, la noblesse leur était favorable. Quand un jour, à une diète, il fut question du bannissement des Juifs, l’assemblée décida (1 août 1501) que la couronne de Bohème devrait, au contraire, leur permettre, pour tous les temps, de se fixer dans le pays, et que dans le cas où l’un ou l’autre d’entre eux transgresserait quelque loi, on ne punirait dorénavant que le coupable, et non pas toute la population juive.

Après avoir d’abord ratifié la résolution de la diète, le roi Ladislas, se laissant circonvenir par la bourgeoisie de Prague, autorisa l’expulsion des Juifs et menaça même de bannissement tout chrétien qui interviendrait en leur faveur. Malgré la décision royale, les Juifs, on ne sait par suite de quelle circonstance, purent rester à Prague. Un descendant de la famille des imprimeurs italiens Soncin, Gerson Kohen, créa même dans cette ville une imprimerie hébraïque (vers 1503), la première qui fonctionnât en Allemagne ; il y avait alors déjà des imprimeries hébraïques en Italie depuis environ quarante ans.

Mais, pendant que les imprimeries de l’Italie et de la Turquie