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fonds, leurs synagogues et même leur cimetière devinssent la propriété du fisc impérial. Il autorisa aussi la ville de Nuremberg à ne plus jamais accueillir de Juifs (5 juillet 1498). Le Conseil ne voulut d’abord accorder aux Juifs qu’un délai de quatre mois pour faire leurs préparatifs de départ ; il comptait pourtant parmi ses membres le patricien Willibald Pirkheimer, un des champions futurs de l’humanisme, qui se posait en ami de la justice et de l’humanité. À la suite des sollicitations des malheureux proscrits, ce premier délai fut prolongé de trois mois. Mais ils durent prêter serment, à la synagogue, qu’ils partiraient immanquablement à la date fixée. En effet, le 10 mars 1499, les Juifs de Nuremberg, qui, depuis quelque temps, avaient perdu beaucoup de leur importance, quittèrent la ville. Ils en avaient déjà été chassés une première fois, lors de la peste noire, mais étaient revenus s’y fixer après la disparition de cette épidémie.

D’autres villes impériales chassèrent aussi leurs Juifs à cette. époque, notamment Ulm, Nordlingen, Colmar et Magdebourg.

La communauté juive de Ratisbonne, la plus ancienne alors de l’Allemagne, pouvait également prévoir, d’après bien des symptômes, qu’elle était menacée d’une expulsion prochaine. On se rappelle qu’à la suite de leurs démêlés avec les Juifs de leur ville, qu’ils avaient impliqués dans une affaire de meurtre rituel, les bourgeois de Ratisbonne avaient été humiliés par Frédéric III et condamnés à une forte amende. Au lieu de s’en prendre à eux-mêmes de leur déconvenue et de leur cruelle mortification, ils en accusèrent les Juifs, et les relations cordiales qui avaient existé auparavant entre les habitants juifs et chrétiens firent place, de la part de ces derniers, à une hostilité, sourde d’abord, et bientôt ouverte et implacable. De son côté, le clergé, irrité d’avoir vu échouer ses intrigues contre les Juifs, s’efforçait de surexciter contre eux la haine de la foule et ne cessait de répéter qu’il était indispensable de les chasser. Comme il avait annoncé qu’il ne laisserait pas communier les chrétiens qui leur vendraient des aliments, les meuniers leur refusaient de la farine et les boulangers du pain (1499). Pendant certains jours de la semaine, il leur était interdit d’aller au marché ; à d’autres jours, ils ne pouvaient s’y rendre, pour acheter des vivres, que de telle heure à telle heure. On défendit