leur faire imposer la législation restrictive qui leur était appliquée dans des contrées voisines. Ensuite, la classe influente des commerçants allemands, établis depuis longtemps dans le pays, et qui voulaient implanter en Pologne le régime suranné des corporations, les poursuivaient, comme concurrents, de leur jalousie et de leur haine. Grâce à leurs efforts combinés, prêtres et marchands réussirent à agir sur l’esprit de Jean-Albert et d’Alexandre, fils et successeurs de Casimir IV, qui abolirent les privilèges des Juifs, les enfermèrent dans des quartiers spéciaux et les expulsèrent même de quelques villes (1496-1505). Mais, dès l’avènement de Sigismond Ier (1506-1548), les Juifs furent de nouveau traités avec la même équité qu’auparavant. Ils trouvèrent, du reste, en tout temps, un appui efficace auprès de la noblesse polonaise, qui éprouvait une antipathie profonde pour la race germanique et soutenait les Juifs, non seulement parce que son intérêt l’exigeait, mais encore parce qu’elle pouvait les opposer aux Allemands. Aussi, comme les palatins, les voïvodes et, en général, les hauts fonctionnaires polonais étaient choisis dans la noblesse, les lois restrictives édictées contre les Juifs restaient presque toujours lettre morte, au grand scandale du clergé et de la classe des marchands allemands.
Les rabbins polonais servaient alors d’intermédiaires entre la couronne et les Juifs ; ils étaient chargés de recueillir les impôts dus par les communautés et de les verser au Trésor. Du reste, les rabbins des grandes villes étaient nommés ou agréés par le roi, sous le titre d’archirabbins, et chargés d’administrer leurs communautés, de les représenter auprès du pouvoir royal et de juger les affaires civiles. Parfois même, ils avaient le droit de connaître des causes criminelles, d’exclure les coupables de la communauté et même de prononcer contre eux la peine capitale.
Pourtant, dans ce pays qui devint plus tard un centre privilégié pour l’enseignement du Talmud, et où maîtres et disciples se laissèrent totalement absorber par ces études, il ne se rencontra pas un seul rabbin éminent au commencement du XVIe siècle. Ce ne fut qu’après l’immigration de nombreux savants allemands que la science talmudique s’implanta en Pologne. Les familles juives qui affluèrent dans ce pays des provinces rhénanes et