Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/50

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l’école de Sora, il chercha, au contraire, à mettre à la tête de cette académie un homme qui pût la diriger avec dignité. À cet effet, il fit nommer comme gaon de Sora son beau-père, Samuel ben Hofni, son égal en science et en vertus, et auteur de plusieurs ouvrages rituéliques, d’un traité sur l’unité de Dieu et d’un commentaire sur le Pentateuque. Dans ce commentaire, Samuel suit le système de Saadia, expliquant la Thora autant que possible d’une façon rationnelle et cherchant à ramener à des faits naturels les événements bibliques qui ont un caractère surnaturel. Ainsi, pour lui, l’évocation de l’ombre de Samuel par la nécromancienne d’En-Dor et le dialogue de l’ânesse de Bileam avec son maître n’ont jamais eu lieu en réalité ; ce sont des visions, de simples rêves. Samuel ben Hofni eut encore un autre trait de ressemblance avec Saadia, il attaqua vivement les caraïtes. Samuel fut le dernier des gaonim de Sora ; il mourut quatre ans avant son gendre Haï (1034).

La mort de Haï, qui survint en 1038, affligea profondément toutes les communautés juives ; elle fut pleurée dans de touchantes élégies par Ibn Gabirol, le plus remarquable poète du temps, et par Hananel, de Kairouan. Avec ce gaon disparut définitivement l’académie de Pumbadita. Le collège donna bien un successeur à Haï, il investit à la fois de la dignité de gaon et de celle d’exilarque Hiskiyya, arrière-petit-fils de l’exilarque David ben Zakkaï. Mais à la suite de fausses accusations et sur l’ordre de Djelal Addaulah, ministre tout-puissant d’un khalife sans force et sans autorité, Hiskiyya fut jeté en prison, dépouillé de ses biens et finalement mis à mort (1040). Ses deux fils s’enfuirent et, après avoir longtemps erré, trouvèrent enfla un refuge en Espagne. En leur qualité de derniers rejetons de la maison royale de David, ils furent traités avec respect dans ce pays et s’y livrèrent, sous le nom d’Ibn Daudi, au culte des Muses. Ainsi finit le gaonat de Pumbadita. Le rôle de la Babylonie, si brillant dans l’histoire juive, était terminé, et pendant quelque temps cette contrée n’exerça plus aucune action sur le judaïsme.

L’Andalousie juive recueillit l’héritage de la Judée, de la Babylonie et du nord de l’Afrique, et l’augmenta encore, au grand avantage des générations suivantes. Déjà la civilisation arabe,