de tout ce qu’ils possédaient ; on leur laissait à peine de quoi se nourrir pendant quelques jours.
Les Juifs de Jérusalem furent maltraités, comme leurs frères de l’Europe, par les croisés. Quand Godefroy de Bouillon fut parvenu, après de longs efforts, à prendre d’assaut la ville sainte, il fit enfermer tous les Juifs, caraïtes et rabbanites, dans une synagogue et y mit le feu (15 juillet 1099). On voit que, pour Israël, le XIe siècle s’acheva dans le sang.
Pour protéger les Juifs d’Allemagne contre de nouvelles persécutions, Henri IV fit jurer, en 1103, aux princes et aux bourgeois qu’ils ne maltraiteraient pas la population juive et qu’ils la laisseraient vivre en paix. La protection impériale, très utile à l’origine, amena plus tard des conséquences fâcheuses ; elle rendit les Juifs dépendants des seigneurs, qui allaient les considérer bientôt comme leur propriété.
On a vu plus haut avec quel empressement les Juifs baptisés revinrent au judaïsme dès que les circonstances le leur permirent. Leur réadmission dans la Synagogue rencontra une vive opposition de la part des Juifs qui étaient restés fidèles, malgré tout, à leur religion et qui ne voulaient pas reconnaître les anciens apostats comme leurs frères ni s’apparenter avec eux. Ces idées étroites affligèrent Raschi, qui les combattit de toutes ses forces : Gardons-nous bien, leur dit-il, de nous éloigner de ceux qui reviennent à nous et de les humilier. Ils ne se sont faits chrétiens que par la crainte de la mort ; dès que le danger a disparu, ils se sont hâtés de retourner au judaïsme.
Une autre conséquence funeste des persécutions, fut le développement de l’esprit de mortification et de la dévotion excessive parmi les Juifs d’Allemagne. Malgré leur aversion pour le culte de leurs persécuteurs, ils lui empruntèrent néanmoins l’usage de visiter les tombeaux de leurs martyrs, qu’ils appelaient également des saints (Kedoschim), d’y faire des prières et de demander à ces saints leur intercession auprès de Dieu. À partir de ce moment, les Juifs allemands se plongèrent dans une sombre et farouche piété.
Il existait cependant un remède bien efficace contre cette tendance de s’enfermer dans des pratiques de contrition et des habitudes