s’étend sur tous ses coreligionnaires ; il réside en Espagne, mais il vient en aide à ses frères d’Égypte et de Babylonie. Enfin, un autre Juif d’Espagne, célébré par ses contemporains, était le prince Salomon ibn Faroussal, qui se trouvait sans doute au service d’un roi chrétien. Chargé d’une mission auprès de la cour de Murcie, il fut assassiné en 1108, peu de temps avant la victoire que les musulmans remportèrent près d’Uctès sur les chrétiens. Parmi les Juifs qui occupaient, à cette époque, une situation politique, il faut encore mentionner Abraham ben Hiyya Albargueloni (né en 1065 et mort en 1136). Astronome habile, il était en quelque sorte le ministre de la police (zahib as schorta) d’un prince musulman et jouissait d’une grande autorité.
De tous les Juifs influents par leur science, leur fortune ou leur situation, qui rivaient dans ce temps en Espagne, aucun n’exerça sur ses contemporains sine action analogue à celle que Hasdaï ibn Schaprout et Samuel ibn Nagrela avaient eue autrefois, quand ils réveillèrent les intelligences assoupies et imprimèrent une puissante impulsion à l’activité littéraire de leurs coreligionnaires. Il est vrai qu’à cette époque point n’était besoin d’un chef pour maintenir et diriger le mouvement ; l’émulation qui régnait entre les savants juifs, dans toutes les sphères des connaissances, était un stimulant suffisant. Pendant la première moitié du XIe siècle, le judaïsme espagnol produisit un grand nombre d’hommes supérieurs dans tous les genres, des poètes, des philosophes et des talmudistes, dont les œuvres étaient presque toutes parfaites. En ce temps, on ne connaissait plus parmi les savants juifs cette envie mesquine dont Menahem ben Sarouk et Ibn Gabirol eurent tant à souffrir ; cette rivalité malveillante et cette hostilité haineuse qui divisèrent Ibn Djanah et Samuel ibn Nagrela, Alfasi et Ibn Albalia. Poètes et savants se considéraient comme les membres d’une seule famille et étaient unis entre eux par les liens d’une estime et d’une amitié réciproques.
Parmi les rabbins espagnols de l’époque, presque tous disciples d’Alfasi, le plus remarquable fut, sans contredit, Joseph ibn Migasch (né en 1077 et mort en 1141). Petit-fils d’un homme qui avait joui d’une très grande considération à la cour des Abbadides à Séville, et fils d’un savant distingué, Ibn Migasch méritait certainement