condamner à mort et lapider. L’exécution eut lieu à la fête de l’Expiation, au coucher du soleil.
À sa mort (1141), Joseph ibn Migasch laissa un fils très savant, nommé Meïr, et de nombreux disciples, entre autres Maïmoun, de Cordoue, dont le fils devait occuper un rang si brillant dans l’histoire du judaïsme.
À mesure que l’enseignement du Talmud se développait en Espagne, on s’occupait moins d’exégèse biblique et de science grammaticale. Par, contre, cette époque fut riche en poètes. Depuis que, deux siècles auparavant, Dounasch ben Labrat avait commencé à assouplir la langue hébraïque, celle-ci avait acquis une flexibilité singulière et était devenue, pour les poètes, un instrument très facile à manier. Stimulés par le succès d’Ibn Gabirol et l’exemple des Arabes, qui écrivaient même leurs lettres en vers, les Juifs espagnols voulaient presque tous devenir poètes. Quiconque ne voulait pas être réputé ignorant, devait connaître l’art de versifier. Aussi rimait-on beaucoup à cette époque. Mais toutes ces productions sont rarement animées d’un souffle poétique. Parmi les poètes de ce temps qui n’ont pas encore été nommes et qui méritent une mention, on peut citer Moïse ibn Ezra, Juda ibn Giat, Juda ibn Abbas, Salomon ibn Sakbel, et surtout le premier de tous, Juda Hallévi.
Contrairement aux habitudes de la plupart des poètes juifs de cette époque, qui ne traitaient que des sujets sérieux, Salomon ben Sakbel, parent du rabbin Joseph ibn Sahal de Cordoue, se servit de la langue hébraïque pour peindre l’amour frivole et badin. Il composa son ouvrage, intitulé Tachkemoni, sur le modèle des Makàmât (Séances) que le poète arabe Hariri, de Bassora, venait de publier et dont la réputation avait pénétré jusqu’en Espagne. C’était une espèce de roman satirique, écrit en prose rimée, entrecoupée de vers. Le héros de ce roman raconte comme il est sans cesse victime de ses illusions. Après avoir vécu longtemps dans la solitude des bois avec sa bien-aimée, il s’est fatigué de cette existence monotone et désire faire ripaille en nombreuse et joyeuse compagnie. Son repos est troublé par un billet mystérieux que lui remet une belle inconnue. Toujours à la poursuite de cette enchanteresse, qui lui échappe constamment, il arrive