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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/106

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prouver la réalité : l’apostat Vittorio Eliano, petit-fils du grammairien du nom de Elia Lévita, et un Juif allemand Josua dei Cantori.

La condamnation prononcée contre le Talmud faillit causer un grave préjudice à Vittorio Eliano. On sait qu’à la suite de Pic de la Mirandole, de Reuchlin, et surtout du cardinal Egidio de Viterbe et du franciscain Galatino, les dignitaires les plus orthodoxes de l’Église étaient convaincus que la Cabale confirmait la vérité des dogmes catholiques. Aussi, pendant que Paul IV poursuivait le Talmud de sa haine, il autorisa Emmanuel de Bénévent, d’accord avec l’Inquisition, à imprimer le Zohar à Mantoue. Par jalousie contre l’éditeur de Mantoue, un imprimeur chrétien de Crémone, Vicenti Conti, publia également le Zohar avec le concours de Vittorio Eliano, qui écrivit pour cet ouvrage une préface hébraïque, où il vantait la supériorité de cette édition sur celle de Mantoue, et faisait appel aux acheteurs. Lorsque les soldats espagnols recherchèrent à Crémone les exemplaires du Talmud destinés au feu, ils mirent la main sur tous les ouvrages hébreux, sans distinction, et s’emparèrent aussi de 2.000 exemplaires du Zohar appartenant à Eliano et à son imprimeur. Un ami d’Eliano, le renégat Sixte de Sienne, qui présidait aux recherches, s’aperçut à temps de l’erreur des soldats et sauva ces exemplaires du feu. Par un raffinement inconscient de méchanceté, les ennemis du judaïsme brûlaient le Talmud, mais laissaient aux Juifs le Zohar, cette source empoisonnée de tant de superstitions et de pratiques absurdes. Il est vrai que cette faiblesse de l’Église pour la Cabale ne dura pas longtemps ; quelques années plus tard, le Zohar était inscrit sur la liste des livres condamnés au feu.

D’Italie les persécutions contre les ouvrages juifs se propagèrent dans d’autres contrées ; partout on y trouve mêlé à des apostats. Ainsi, à Prague, un renégat juif, Ascher d’Udine, provoqua la confiscation non seulement des ouvrages talmudiques, mais aussi des livres de prières ; le tout fut envoyé à Vienne (1559). Les chantres étaient obligés de célébrer les offices de mémoire. Un incendie qui réduisit en cendres, à cette époque, une grande partie du quartier juif de Prague, mit encore en plus grande évidence la haine féroce des chrétiens. Au lieu d’aider à combattre l’incendie,