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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/110

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envers la communauté de Bologne, dont quelques membres possédaient de grandes richesses. Pour les en dépouiller par des procédés d’apparence légale, on les 6i comparaître devant le tribunal de l’Inquisition, où on leur posa un certain nombre de questions captieuses sur le christianisme. Les Juifs considèrent-ils les catholiques comme des idolâtres ? Appliquent-ils aux chrétiens et à la papauté les malédictions contenues dans le Rituel contre les minéens et le royaume de la perversité ? Le récit du bâtard, fils d’une réprouvée, fait-il allusion à Jésus ? Interrogés sur ces divers chefs d’accusation qui avaient été réunis par un apostat juif, Alessandro, quelques-uns des inculpés n’eurent pas la force de résister à la torture et avouèrent tout ce qu’on leur demandait. Mais le rabbin de Bologne, Ismaël Hanina, déclara au milieu des tortures que, dans le cas où la douleur le ferait défaillir et lui arracherait des aveux, ces aveux devaient être considérés comme mensongers.

Pour pouvoir mettre plus sûrement la main sur les richesses convoitées, la curie défendit aux Juifs les plus fortunés et les plus estimés de quitter Bologne. Mais ceux-ci réussirent à corrompre un gardien, et une grande partie de la communauté de, Bologne parvint à se réfugier à Ferrare. Irrité de cette fuite. Pie V annonça au collège des cardinaux son intention d’expulser tous les Juifs de ses États. Plusieurs princes de l’Église firent valoir en vain devant le pape que, jusqu’alors, le Saint-Siège avait toujours cherché à protéger les Juifs contre les expulsions et les violences, en vain la ville d’Ancône supplia-telle Pie V de ne pas détruire de ses propres mains la prospérité commerciale de son pays. Le 26 février 1569, il promulgua une bulle qui obligeait tous les Juifs des États pontificaux, à l’exception de ceux de Rome et d’Andes, à émigrer dans un délai de trois mois ; passé ce délai, ils seraient vendus comme esclaves ou condamnés à des peines encore plus sévères. Devant la perspective des souffrances qui les attendaient, quelques Juifs acceptèrent le baptême. Mais, presque tous se résignèrent à émigrer. Comme on ne leur avait laissé qu’un temps très court pour réaliser leurs biens, les exilés partirent ruinés. Le chroniqueur Guedalya ibn Yahya perdit à lui seul 10.000 ducats de créances à Ravenne. Ne sachant où se diriger