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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/111

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sur le moment, ces malheureux demandèrent asile aux petits États voisins, à Pesaro, Urbin, Ferrare, Mantoue et Milan.

Les Juifs d’Avignon et du Venaissin, qui avaient pu rester en France après l’expulsion qui eut lieu deux siècles auparavant, furent également exilés. Sous les papes Léon X, Clément VII et surtout Paul III, ils avaient vécu dans une tranquillité relative ; Pie V ne voulut pas les tolérer plus longtemps dans cette enclave et les chassa.

Tous ces expulsés altèrent demander asile à la Turquie, où tous recevaient un excellent accueil, s’ils n’étaient pas arrêtés en route et faits prisonniers par les chevaliers de l’ordre de Malte.


CHAPITRE IV


Les Juifs en Turquie et Don Joseph de Naxos
(1566-1590)


Par une rencontre heureuse de circonstances, les Juifs, persécutés dans presque toute l’Europe, trouvaient en Turquie un refuge sûr et une complète sécurité. Dans ce pays vivait alors un Juif qui, dans les contrées chrétiennes, aurait peut-être été brûlé et qui, sous la domination du Croissant, arriva à une haute position, fut élevé au rang de duc et eut de nombreux chrétiens sous ses ordres. Avec lui des milliers de Juifs acquirent une situation libre et indépendante, que leurs coreligionnaires des autres États européens leur enviaient. Ce Juif était Joseph Nassi ou Juan Miquès, Marrane transfuge du Portugal.

Joseph Nassi, comme on l’a vu plus haut, était rendu à Constantinople, muni de lettres de recommandation d’hommes d’État français pour des dignitaires turcs. Mais il n’avait pas tardé à se recommander lui-même par son extérieur sympathique, se finesse d’esprit, son intelligence et sa connaissance de la situation des pays européens. Le sultan Soliman le prit en faveur. Comme il