Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/127

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animée des intentions les plus généreuses. Dans la pensée d’encourager la science juive, elle fonda une imprimerie hébraïque dans son palais. Mais elle en confia la direction à un homme sans goût et sans jugement, Joseph Askaloni, qui édita (1579-1598) des ouvrages dénués de toute valeur.

La mort de Joseph de Naxos mit en vue son ancien rival, Salomon Aschkenazi, qui avait négocie la paix entre la Turquie et la république de Venise. Aschkenazi ne réussit pourtant, pas à briller au premier rang, comme le duc de Naxos ; il était estimé et apprécié comme habile diplomate, mais resta toujours un peu dans l’ombre. Il dirigea avec succès les négociations tendant à établir la paix ou, du moins, à détendre les rapports entre la Turquie et l’Espagne. Il s’appliqua aussi à maintenir des relations cordiales entre son pays. et Venise. Le doge l’en récompensa en accordant une pension à ses fils établis à Venise.

Sous les règnes de Mourad III, Mohammed IV et Achmet Ier, plusieurs femmes juives, douées d’une grande intelligence et versées un peu dans l’art de la médecine, jouirent aussi d’une influence sérieuse par l’intermédiaire des femmes du harem. L’une d’elles, Esther Kiera, veuve d’un certain Elia Hendali, exerçait une grande autorité sur la sultane Baffa, favorite de Mourad, qui eut une grande part dans la direction des affaires de l’État du vivant de son mari et sous le règne. de son fils Mohammed. Tous les ambitieux, tous ceux qui voulaient obtenir de la Porte des emplois et des dignités sollicitaient l’appui d’Esther. Devenue très riche, Esther Kiera distribuait d’abondants secours parmi les Juifs indigents et protégeait les Savants ; elle fit publier à ses frais l’ouvrage historique de Zacutto. Comme elle faisait nommer et révoquer les chefs des spahis, elle fut tuée un jour avec ses fils par cette cohorte.

La veuve de Salomon Asckenazi fut également très influente du temps d’Achmet Ier. Elle avait été assez heureuse pour, guérir le jeune sultan, peu après son avènement au trône, de la petite vérole, contre laquelle les médecins turcs n’avaient pas trouvé de remède. Par reconnaissance, le sultan recommanda son fils à Grimani, doge de Venise, qui lui fit le plus cordial accueil et le combla d’honneurs.