Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


TROISIÈME PÉRIODE


LA DISPERSION




TROISIÈME ÉPOQUE


LA DÉCADENCE




CHAPITRE PREMIER


Reuchlin et les obscurants. — Martin Luther
(1500-1530)


Pour l’observateur superficiel, l’Allemagne, ravagée par des bandes de pillards, déchirée par des luttes incessantes, et dont la situation politique était des plus précaires, cet État si divisé et si affaibli paraissait être le dernier pays où pût naître un mouvement assez agissant pour ébranler l’Europe jusque dans ses fondements, la constituer sur des bases nouvelles et mettre fin au moyen âge. Mais, en réalité, il existait chez le peuple allemand des forces latentes qui, sous une impulsion vigoureuse, pouvaient produire des effets considérables. Les Allemands, d’une pédanterie légèrement ridicule, menaient encore une vie simple et austère, tandis que dans les pays romans, en Italie, en France et en Espagne, les mœurs étaient raffinées et corrompues. Le bas clergé aussi valait mieux en Allemagne que dans le reste de l’Europe. À Rome et en Italie, le christianisme, avec ses dogmes, était un objet de risée et de moquerie dans les milieux cultivés et principalement à la cour pontificale ; les dignitaires de l’Église ne tenaient à leur religion que pour le pouvoir politique qu’elle leur assurait. En Allemagne, au contraire, on prenait le christianisme au sérieux ;