Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/18

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même. Elle remit donc à Pfefferkorn une lettre pour Maximilien, qu’elle adjurait d’accueillir avec faveur la demande des dominicains et de ne pas attirer sur sa tête la colère de Dieu en ménageant les Juifs blasphémateurs.

Muni de cette lettre, Pfefferkorn se rendit en toute hâte auprès de l’empereur et réussit à obtenir de lui une commission générale (du 10 août 1509) qui l’autorisait à saisir et à examiner les livres des Juifs, dans tout l’Empire, et à détruire ceux qui contiendraient des assertions hostiles à la Bible ou au christianisme. Par ce même arrêté, il était sévèrement interdit aux Juifs de s’opposer aux perquisitions ou de cacher les livres incriminés.

Du camp où il était allé voir Maximilien, Pfefferkorn revint tout triomphant en Allemagne, pressé de commencer sa chasse aux livres, et aussi aux écus juifs. Il débuta dans l’importante communauté de Francfort, où l’on trouvait alors de nombreux talmudistes, partant beaucoup d’exemplaires du Talmud, et aussi des Juifs très aisés. De plus, outre les livres d’usage, il y avait, dans cette ville, de nombreux exemplaires neufs du Talmud et ü autres ouvrages hébreux, destinés à être vendus à la foire. Sur la demande de Pfefferkorn, le Sénat de Francfort convoqua tous les Juifs à la synagogue, où il leur fit connaître l’ordre impérial. En présence d’ecclésiastiques et de plusieurs membres du Sénat, on confisqua alors torts les livres de prières qu’on trouva dans la synagogue. C’était la veille de la fête des Tentes (vendredi 28 septembre 1509). Pfefferkorn alla plus loin. De son autorité privée, ou sous le couvert de l’empereur, il défendit aux Juifs de se rendre à la synagogue pendant cette fête, parce qu’il voulait profiter des jours fériés pour faire des perquisitions domiciliaires. Les ecclésiastiques présents, moins implacables que le renégat juif, ne voulurent pas empêcher les Juifs de célébrer leur fête et remirent les perquisitions au lundi suivant.

Une nouvelle preuve que les temps étaient changés, c’est que les Juifs n’acceptaient plus, comme autrefois, avec résignation, toutes les violences et toutes les iniquités qu’on voulait leur infliger. Devant l’acte de spoliation dont les menaçait Pfefferkorn, ils invoquèrent les privilèges que leur avaient accordés des empereurs et des papes, et qui leur garantissaient