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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/19

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la liberté religieuse, et, par conséquent, la propriété de leurs livres de prières et d’étude. Ils demandèrent donc que la confiscation fut retardée, afin qu’il leur fût possible d’en appeler à l’empereur et à la chambre impériale. En même temps, l’administration de la communauté de Francfort envoya un délégué auprès d’Uriel de Gemmingen, prince-électeur et archevêque de Mayence, dont relevait le clergé de Francfort, pour le prier d’empêcher les ecclésiastiques de participer à une telle injustice. Le prélat accéda à ce désir. Quand le Sénat de Francfort apprit la décision de l’archevêque de Mayence, il retira, à son tour, son appui à Pfefferkorn. Mais les Juifs ne s’endormirent pas sur ce premier succès. Tout en ignorant que derrière Pfefferkorn se cachaient les puissants dominicains, ils devinaient qu’il était soutenu par leurs ennemis et qu’ils n’étaient pas en sécurité. Ils déléguèrent donc Jonathan Cion auprès de l’empereur Maximilien pour plaider leur cause, et ils invitèrent toutes les communautés juives allemandes à se faire représenter à une réunion qui aurait lieu le mois suivant, et où l’on prendrait les mesures de préservation nécessaires.

Tout péril semblait pourtant écarté pour le moment, grâce à l’intervention de l’archevêque de Mayence Qu’il le fit par pur sentiment de justice ou par aversion pour le fanatisme des dominicains, ou qu’il fût froissé que l’empereur eût accordé à un étranger un droit de juridiction sur les affaires religieuses dans son diocèse, ce qui est certain c’est que ce dignitaire de l’Église défendit énergiquement les Juifs. Le 5 octobre il écrivit à l’empereur pour exprimer son étonnement que, dans une conjoncture aussi grave, il eût donné pleins pouvoirs à un homme aussi ignorant et aussi peu digne de confiance que Pfefferkorn, affirmant que les Juifs établis dans son diocèse ne possédaient pas de livres injurieux pour le christianisme. Il ajoutait que dans le cas où le souverain tiendrait à faire confisquer et examiner les ouvrages hébreux, il devrait confier cette mission à une personne compétente. Pour ne pas paraître partial dans cette affaire, il se mit en relations avec Pfefferkorn. Il le manda à Aschaffenburg, et là il lui montra que le mandat dont l’avait gratifié l’empereur présentait un vice de forme et que