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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/183

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quelles conditions seront-ils autorisés à revenir dans ce pays ? Ces débats soulevèrent dans le peuple les plus diverses passions. Haine aveugle contre les déicides et amour mystique pour le peuple de Dieu, crainte de la concurrence et désir de conquérir, grâce aux Juifs portugais et espagnols, la supériorité commerciale sur la Hollande, préjugés de toute sorte, tels étaient les sentiments qui divisaient alors les Anglais en amis et en adversaires des Juifs. Les partis aussi s’en mêlèrent. Les adhérents de Cromwell et, en général, les républicains demandaient l’établissement des Juifs en Angleterre, les papistes et les royalistes le combattaient.

Dès le début de la discussion, les représentants des droits de l’État déclarèrent que nulle loi ne s’opposait au retour des Juifs, attendu que l’édit de proscription promulgué autrefois contre eux n’avait pas été sanctionné par le Parlement. Les délégués de Londres réservèrent leur opinion, mais le clergé se prononça énergiquement contre les Juifs. Pour obtenir un résultat favorable, Cromwell fit adjoindre au clergé trois ecclésiastiques de ses amis, mais à la séance de clôture (18 décembre 1655), qu’il présida lui-même, il vit quand même la majorité du clergé repousser sa proposition. Après avoir de nouveau exposé avec chaleur les raisons qui lui paraissaient plaider en faveur du séjour des Juifs en Angleterre, Cromwell déclara les délibérations closes en se réservant la faculté de résoudre lui-même la question.

À la suite des délibérations de la commission de Whitehall, le conseil d’État décida d’autoriser les Juifs à séjourner en Angleterre, mais en les soumettant. à de pénibles restrictions ; il leur était même interdit de se réunir pour célébrer les offices. Cromwell trouva celte défense trop dure et leur permit de célébrer leur culte dans une maison privée. Il ne pouvait pas se montrer plus libéral à ce moment, parce que le fanatisme du clergé et les préjugés de la foule étaient alors coalisés pour s’opposer à l’admission des Juifs. Un des adversaires les plus fanatiques des Juifs était l’agitateur et pamphlétaire William Prynne, qui, dans un libelle violent, renouvela contre eux toutes les anciennes calomnies, y compris l’accusation du meurtre rituel, et réunit tous les