Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/187

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sur les âmes crédules de la Palestine et des régions voisines. Israël Sarouk propagea les doctrines de Louria en Italie et en Hollande. Alfonso ou Abraham de Herrera (mort en 1639), descendant, par sa mère, du capitaine-général espagnol et vice-roi de Naples, se laissa gagner également aux excentricités de la Cabale et publia un ouvrage de vulgarisation sur le mysticisme. Enfin, Manassé ben Israël et ses contemporains hollandais se montrèrent absolument convaincus du caractère divin des élucubrations du Zohar.

Il y eut pourtant alors quelques hommes qui élevèrent des doutes sur la vérité du judaïsme rabbinique et cabalistique, et hésitèrent même à accepter les enseignements du Talmud. D’autres allèrent plus loin ; ils combattirent plus ou moins ouvertement le judaïsme de ce temps. Ce ne fut ni en Allemagne, ni en Pologne, ni même en Asie que se rencontrèrent ces esprits hardis, mais dans des communautés italiennes et portugaises, dont les membres avaient des relations avec les milieux cultivés des autres confessions. Uriel Acosta aux Pays-Bas, Juda Léon Modena, Joseph Delmedigo, Simon Luzzato, en Italie, furent les premiers à élever la voir, contre la religion juive, telle qu’elle était alors pratiquée. Mais ils se contentèrent de protester, sans préconiser aucune réforme.

Uriel da Costa (Gabriel Acosta), né vers 1590 et mort en 1640, descendait d’une famille marrane d’Oporto dont les divers. membres, terrorisés par l’Inquisition, étaient devenus de fervents catholiques. À l’exemple de la plupart des jeunes gens de la bourgeoisie portugaise de cette époque, il avait étudié le droit ; il était ainsi préparé à remplir, le cas échéant, des fonctions ecclésiastiques. À l’époque de sa jeunesse, les jésuites avaient déjà conquis une grande influence sur les consciences et réussi à asservir les âmes en présentant sous d’épouvantables images, les éternels supplices de l’enfer. Selon eux, on n’échappait à ces terribles tortures qu’en accomplissant toutes les pratiques religieuses et en se confessant avec une ponctuelle régularité. Tout en suivant fidèlement toutes les prescriptions, Gabriel da Costa ne se sentait pourtant pas tranquille. Malgré lui, des doutes s’élevèrent dans son esprit sur les dogmes du christianisme. Dans