Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/23

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exercice de leur culte ni, par conséquent, celui de leur enlever leurs livres religieux. L’empereur fut aussi informé que le dénonciateur des Juifs était un misérable, condamné autrefois pour vol. Les défenseurs des Juifs semblaient avoir réussi dans leurs démarches, car Maximilien transféra à Uriel de Gemmingen, archevêque de Mayence, les pouvoirs qu’il avait d’abord confiés à Pfefferkorn.

L’empereur était malheureusement un esprit très mobile, et, quand Pfefferkorn vint le revoir, muni d’une nouvelle lettre, très pressante, de sa sœur Cunégonde, il lui rendit (10 novembre 1509) le mandat de confisquer les ouvrages incriminés. L’archevêque Uriel de Gemmingen resta pourtant chargé du soin de les examiner, mais il devait s’éclairer de l’avis des Facultés de théologie de Cologne, de Mayence, d’Erfurt et de Heidelberg, et de savants tels que Reuchlin, Victor de Karben et mime l’inquisiteur Hochstraten, quoique ce dernier n’eût absolument aucune notion de l’hébreu.

Uriel de Gemmingen délégua ses pouvoirs au régent de l’Université de Mayence pour surveiller la confiscation des livres. Accompagné de ce délégué, Pfefferkorn retourna à Francfort, où il reprit ses recherches. Il mit la main sur mille cinq cents ouvrages manuscrits, qu’il fit déposer à l’hôtel de ville. Dans d’autres localités aussi il s’acquitta avec zèle de sa tâche.

Au commencement, les principales communautés juives de l’Allemagne étaient restées indifférentes devant les agissements de Pfefferkorn ou plutôt des dominicains. Elles n’avaient pas non plus répondu à l’invitation qui leur avait été adressée d’envoyer des délégués à une réunion de notables juifs pour délibérer sur la situation et créer un fonds de défense. Seules, quelques communautés peu considérables avaient immédiatement voté des subsides ; les communautés riches, telles que Rothenbourg-sur-la-Tauber, Wissembourg et Fürth, s’étaient abstenues. Mais, quand Pfefferkorn eut commencé à confisquer les livres hébreux, non seulement à Francfort, mais aussi dans d’autres localités, elles sortirent de leur torpeur.

Leur action s’exerça tout d’abord sur le Sénat de Francfort, qu’elles réussirent à se rendre favorable. Les libraires juifs venaient