Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/27

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l’empire germano-romain et devaient jouir, à ce titre, des mêmes droits et de la même protection que les autres citoyens. C’état là, en quelque sorte, la première proclamation, encore vague et incomplète, du principe de l’émancipation des Juifs ; qui ne fut admis complètement en Allemagne que trois siècles plus tard. Une voix autorisée osait enfin protester contre cette idée absurde du moyen âge que, par suite de la conquête de Jérusalem par Titus et Vespasien, les Juifs étaient devenus la propriété des empereurs romains et, par conséquent, de leurs successeurs en Allemagne. En second lieu, il niait formellement que les Juifs fussent des hérétiques. Comme ils se tiennent en dehors de l’Église, dit-il, et qu’ils ne sont pas contraints de suivre la foi chrétienne, on ne peut pas leur appliquer la qualification de mécréants et d’hérétiques.

Les conclusions des autres mémoires étaient loin de concordat avec celles de Reuchlin. Pour les dominicains de Cologne, la Faculté de théologie de cette ville, l’inquisiteur Hochstraten et le vieux renégat Victor de Karben, qui subissaient tous la même direction, il était indispensable de confisquer le Talmud et les ouvrages similaires et de les livrer aux flammes. De ces ouvrages, Hochstraten voulait étendre l’accusation aux Juifs eux-mêmes. Il proposa de faire réunir par des hommes compétents les passages entachés d’hérésie qui se rencontre, dans les livres incriminés et de demander ensuite aux Juifs s’ils reconnaissaient le danger présenté par des écrits aussi malfaisants. Les trouvaient-ils nuisibles, alors ils devraient approuver le projet des dominicains de les briller. Si, au contraire, ils déclaraient les accepter comme livres religieux, l’empereur devrait les faire comparaître eux-mêmes comme hérétiques devant le tribunal de l’Inquisition.

La Faculté de Mayence alla plus loin. Elle engloba dans la même condamnation les écrits talmudiques et la Bible. D’après les obscurants de Mayence, les saintes Écritures aussi, au moins dans leur texte original, étaient dangereuses. En effet, le texte hébreu n’est pas toujours d’accord avec la traduction latine de la Vulgate. Dans ces cas, c’est l’original qui a tort, et les théologiens de Mayence n’auraient pas été fâchés d’être délivrés d’un texte qui gênait parfois leurs interprétations enfantines.

À force d’avoir voulu être habiles et machiavéliques, les dominicains