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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/287

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plus déplorables excès, ont tué la femme et les sept enfants de Nathan. Pendant qu’il pleure la perte de tous les siens, le domestique d’un chevalier lui amène un enfant chrétien, une petite fille qui est orpheline et complètement abandonnée. Nathan remercie Dieu de lui avoir envolé une consolation dans sa douleur. Il adopte cette enfant et s’occupe de son éducation avec une tendre sollicitude et une rare délicatesse. Sa conscience lui défend d’élever cette jeune fille chrétienne dans la religion juive, il lui apprend seulement à connaître Dieu, lui enseigne le bien et lui inspire les plus purs et les plus généreux sentiments. Telle est la conduite d’un Juif.

Le représentant du christianisme agit, au contraire, avec une coupable déloyauté. Le patriarche de Jérusalem témoigne sa reconnaissance au sultan, qui lui a permis de créer une communauté chrétienne dans cette ville, en conspirant contre lui et en le trahissant :

Il croit, le patriarche, que ce qui est criminel

Aux yeux des hommes n’est pas criminel devant Dieu.

Ce patriarche veut faire monter Nathan sur le bûcher, parce qu’il a adopté un enfant chrétien abandonné, a veillé sur lui avec amour, a orné son esprit et son cœur. Et quand on lui objecte que, sans les soins du Juif, cet enfant aurait peut-être péri, il répond avec obstination :

N’empêche ! Il faut brûler le Juif.

Un autre représentant du christianisme, le Templier Leu de Filneck, est animé de très nobles sentiments, mais n’éprouve que du mépris pour les Juifs. Peu à peu, l’amour opère le miracle de le guérir de ses préjugés de chrétien. Il est vrai qu’il a du sang, mahométan dans les veines. Seul, le frère convers Bonafides, dans sa sainte simplicité, sait concilier une grande bonté avec une piété rigoureuse. Mais il ne connaît qu’un devoir, l’obéissance, et, sur un ordre du patriarche, il n’hésiterait pas à commettre les actes les plus abominables.

Ainsi, des divers personnages du drame de Lessing, le Juif seul montre vraiment de la noblesse. Le Templier, qui est le plus