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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/29

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chaleureux, l’origine de ses démêlés avec les dominicains, et raconte les efforts du renégat juif pour faire condamner le Talmud au feu et obtenir son appui dans cette occurrence. Après avoir reproduit les diverses pièces qui lui furent adressées, à propos de cette affaire, par Maximilien et l’archevêque de Mayence, et le mémoire qu’il écrivit sur ce sujet, il montre comment Pfefferkorn prit connaissance de ce mémoire d’une façon malhonnête et l’attaqua ensuite dans un pamphlet qui ne contient pas moins de trente-quatre assertions mensongères.

Ce qui indigne surtout Reuchlin, c’est qu’on ait eu l’audace d’affirmer qu’il s’était laissé acheter par les Juifs. Il se montre également blessé de ce que ses ennemis ne croient pas à ses connaissances hébraïques et lui dénient la paternité de sa grammaire hébraïque. Enfin, pour terminer, il prend énergiquement la défense des Juifs. Au reproche que lui adresse Pfefferkorn d’avoir appris l’hébreu chez des Juifs et d’avoir ainsi contrevenu à la loi canonique qui défend d’entretenir avec eux des relations, Reuchlin répond : Le Juif baptisé dit que la loi divine interdit tout rapport avec les Juifs ; cela est faux. Les chrétiens peuvent comparaître en justice avec eux, acheter chez eux, leur faire des présents et des donations. Le cas peut même se présenter où un chrétien hérite en commun avec un Juif. Il est également permis de s’entretenir avec eux et de se faire instruire par eux, comme la prouvent les exemples de saint Jérôme et de Nicolas de Lyre. Enfin, il est prescrit au chrétien d’aimer le Juif comme son prochain.

Quand, au moment de la foire de Francfort, le Miroir de Reuchlin fut répandu parmi les milliers de personnes qui se trouvaient alors dans cette ville, il produisit une émotion des plus profondes. C’était une chose inouïe qu’un personnage illustre, tel que Reuchlin, clouât au pilori comme malhonnête et menteur un adversaire des Juifs. Ceux-ci surtout lisaient avec avidité cet écrit où, pour la première fois, un chrétien fort respecté traitait leurs accusateurs de vils calomniateurs, et ils rendaient grâce à Dieu de leur avoir suscité un défenseur dans leur détresse. Aussi travaillèrent-ils de toutes leurs forces à la propagande de cet opuscule. De tous côtés, de savants et d’ignorants, Reuchlin recevait des