Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/323

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28 septembre 1789) à la suite de persécutions que les Juifs avaient subies dans quelques localités. L’abbé Grégoire recommença à plaider leur cause avec beaucoup d’éloquence. Il fut soutenu par le comte de Clermont-Tonnerre. L’Assemblée décréta que le président écrirait a aux- différentes municipalités de la Lorraine pour leur manifester que la Déclaration des droits de l’homme est commune à tous les habitants de la terre et que, par conséquent, elles ne devaient plus maltraiter les Juifs. Mais au milieu des passions déchaînées par la Révolution, la voix de l’Assemblée ne fut pas entendue, et les Juifs continuèrent d’être maltraités. C’est alors que, sur la demande des députés de la Lorraine, plusieurs délégués juifs des Trois-Évêchés, de l’Alsace et de la Lorraine turent autorisés à se présenter à la barre de l’assemblée (14 octobre). Un des délégués, Berr-Isaac Berr, exposa avec une touchante émotion les souffrances endurées depuis tant da siècles par ses coreligionnaires et demanda qu’on consentit enfin à les traiter avec justice. Le président lui promit que l’Assemblée prendrait sa requête en considération et se trouverait heureuse de rappeler les Juifs à la tranquillité et au bonheur. On applaudit, et les Juifs furent admis aux honneurs de la séance.

À propos de la discussion relative à la loi électorale, l’Assemblée traita de nouveau la question juive. On se demanda si les Juifs seraient également compris parmi les citoyens actifs auxquels devait appartenir l’éligibilité. La discussion fut longue (21, 23, 24 décembre). Clermont-Tonnerre, Robespierre, Duport, Barnave et Mirabeau prirent la parole en leur faveur, mais l’abbé Maury, de la Fare, évêque de Nancy, Rewbel et l’évêque de Clermont se firent les interprètes des plus étroits préjugés.

L’Assemblée, à moitié ébranlée par les arguments spécieux des membres du clergé, émue parla crainte de provoquer des troubles dans les provinces de l’Est, décida d’ajourner toute résolution au sujet des Juifs (24 décembre). Cet ajournement froissa profondément les Juifs portugais, qui, jusqu’alors, n’avaient pas été confondus avec les Juifs allemands et avaient joui de droits particuliers. Sur le rapport de Talleyrand, évêque d’Autun, énergiquement appuyé par de Sèze, député de Bordeaux, et malgré l’opposition acharnée des adversaires habituels des Juifs, tels que Rewbel