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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/340

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du terrible tremblement de terre de Lisbonne (1755), le père avait été tué, et la mère, enceinte à ce moment, avait été ensevelie sous des décombres. Elle avait alors fait vœu que, si on réussissait à l’en retirer vivante, elle reviendrait au judaïsme. Comme par miracle, une nouvelle secousse avait dégagé l’endroit où elle s’était trouvée enfermée. Elle avait alors quitté Lisbonne pour se rendre à Londres, où elle s’était faite juive. C’est dans cette ville qu’était né Abraham Furtado, qui était allé ensuite se fixer à Bordeaux.

Il faut encore mentionner, parmi les notables de France, Joseph-David Sintzheim, rabbin de Strasbourg (1745-1812). C’était un, talmudiste très érudit, de manières douces et affables, d’un caractère élevé ; il était apparenté à Cerf Berr et possédait une fortune sérieuse. Outre Sintzheim, l’assemblée des notables français ne comptait plus qu’un seul rabbin, le portugais Abraham Andrade, de Saint-Esprit.

Comme la circulaire ministérielle (du 23 juillet 1806) n’avait donné aucune indication précise sur le but que poursuivait l’empereur par la convocation des notables, ceux-ci n’étaient pas sans éprouver quelque inquiétude. La nomination de Molé comme commissaire impérial, à côté de Portalis et de Pasquier, n’était assurément pas faite pour calmer leurs craintes, car ils se rappelaient dans quel esprit de malveillance Molé avait parlé des Juifs au Conseil d’État.

La veille de l’ouverture des séances (25 juillet), le Moniteur publia une longue étude sur l’état politique et religieux des Juifs depuis Moïse jusqu’à présent. On voulait ainsi informer le peuple français tout entier de l’importance des questions soumises à l’examen de l’assemblée des notables. Cet exposé traçait à grands traits les péripéties de l’histoire du peuple juif, tantôt libre, tantôt soumis à d’autres nations, cruellement persécuté au moyen âge, en butte à des accusations diverses, et souvent victime des insultes et des violences de la foule. Sur bien des points, ce résumé présentait de graves inexactitudes. De même, dans le jugement qu’il publia sur les doctrines du judaïsme, le Moniteur contenait de profondes erreurs. Pour l’histoire, il avait eu recours à l’ouvrage de Basnage, et, pour la religion, aux œuvres de Léon de Modène, ce rabbin sceptique qui avait parlé avec tant de légèreté