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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/339

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les arts, les sciences, l’agriculture et les professions manuelles, et on lui en avait signalé un certain nombre qui, pour leur courage militaire, avaient obtenu des pensions ou avaient été promus dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Dans la seconde séance du Conseil d’État (7 mai 1806), Napoléon se montra bien radouci. Non pas que ses préjugés à l’égard des Juifs eussent complètement disparu, mais il semblait décidé à interdire toute persécution contre eux et à maintenir leur égalité civile. Il rendit pourtant un décret prescrivant pour les Juifs d’Alsace des dispositions exceptionnelles, mais transitoires. Ce décret (30 mai 1806) suspendait pour un an l’exécution des jugements rendus en faveur des créanciers juifs en Alsace et dans les provinces rhénanes récemment annexées à la France. Par ce même décret, l’empereur convoqua à Paris une assemblée de notables juifs de tous les points de l’empire français pour délibérer sur les moyens d’améliorer la nation juive et de répandre parmi ses membres le goût des arts et des métiers utiles. Dans le préambule de ce décret, Napoléon fait remarquer combien il est urgent de ranimer, parmi ceux qui professent la religion juive dans les pays soumis à notre obéissance, les sentiments de morale civile qui, malheureusement, ont été amortis chez un grand nombre d’entre eux par l’état d’abaissement dans lequel ils ont trop longtemps langui, état qu’il n’entre point dans nos intentions de maintenir ni de renouveler.

Quoique le choix des notables eût été laissé à l’arbitraire des préfets, une grande partie des délégués, au nombre de plus de cent, étaient des hommes distingués, comprenant l’importance de leur mission et résolus à défendre vaillamment le judaïsme, en face de l’Europe, contre les préjugés dont il avait encore à souffrir. On comptait parmi eux Berr Isaac Berr, dont on tonnait le dévouement infatigable à la cause de ses coreligionnaires ; son fils, Nichet Berr, auteur de l’appel adressé aux princes et aux peuples en faveur de l’émancipation des Juifs ; Abraham Furtado, de Bordeaux, ancien ami des Girondins, cœur généreux et esprit clairvoyant. Les parents de Furtado étaient des Marranes du Portugal qui, tout en pratiquant extérieurement la religion chrétienne, avaient conservé un profond attachement pour la religion de leurs ancêtres. Lors,