Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/344

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comme leurs frères, les délégués répondirent que de tout temps, comme le montrent la Bible, le Talmud et la littérature rabbinique, le judaïsme avait prescrit, avec une insistance particulière, l’amour des hommes et la fraternité. Enfin, en discutant la question d’usure, ils s’attaquèrent vivement aux préjugés qui régnaient à cet égard contre les Juifs et protestèrent avec énergie contre cette fâcheuse tendance à imputer à tous les fautes de quelques-uns.

Après que toutes ces déclarations eurent été examinées par le gouvernement impérial, les notables tinrent une sixième séance (17 septembre) pour entendre les communications des commissaires. Le ton de Molé, qui prit la parole à cette séance, fut tout différent de celui de ses discours précédents : Qui ne serait saisi d’étonnement, disait-il, à la vue de cette réunion d’hommes éclairés, choisis parmi les descendants du plus ancien peuple de la terre ? Si quelque personnage des siècles écoulés revenait à la lumière, et qu’un tel spectacle vint à frapper ses regards, ne se croirait-il pas transporté dans les murs de la cité sainte, ou ne penserait-il pas qu’une révolution terrible a renouvelé les choses humaines presque dans leurs fondements ? Et il continua ! Sa Majesté… vous assure le libre exercice de votre religion et la pleine jouissance de vos droits politiques ; mais, en échange de l’auguste protection qu’elle vous accorde, elle exige une garantie religieuse de l’entière observation des principes énoncés dans vos réponses.

À quoi l’orateur faisait-il allusion par les mots garantie religieuse ? C’est ce que se demandaient les délégués, quand Molé, interprète de la pensée impériale, leur communiqua une information qui les remplit tous d’une vive émotion. C’est le grand Sanhédrin, leur dit-il, que Sa Majesté se propose de convoquer. Ce corps, tombé avec le temple, va reparaître pour éclairer par tout le monde le peuple qu’il gouvernait ; il va le rappeler au véritable esprit de sa loi et lui en donner une explication digne de faire disparaître toutes les interprétations mensongères. Le comte de Molé invita ensuite l’assemblée à annoncer sans délai la convocation du grand Sanhédrin à toutes les synagogues de l’Europe, afin qu’elles envoient à Paris des députés capables de fournir au