Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/350

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L’effet n’en fut pas moins excessivement fâcheux, car dans divers pays on en fit un argument contre l’émancipation des Juifs, en montrant qu’en France même, où ils jouissaient depuis assez longtemps de leurs droits civils et politiques, on avait été obligé de restreindre de nouveau ces droits.

Malgré cette tentative de réaction, le mouvement provoqué en faveur de la liberté par la Révolution française et les conquêtes de Napoléon était si puissant qu’il continua de s’étendre à travers l’Europe. Dans le royaume de Westphalie, que l’empereur venait de créer au profit de son frère Jérôme, les Juifs obtinrent leur émancipation complète et absolue. La Constitution de ce royaume, élaborée par Napoléon avec la collaboration de Beugnot, Jean de Müller et Dohm, qui étaient tous amis des Juifs, assurait expressément aux Juifs les mêmes droits qu’aux indigènes. Par un décret du 12 janvier 1808, Jérôme les déclara citoyens au même titre que les autres habitants, abolit toutes les taxes spéciales qui pesaient sur eux, autorisa les Juifs étrangers à séjourner en Westphalie aux mêmes conditions que les étrangers chrétiens et interdit, sous des peines sévères, d’appliquer aux citoyens juifs la dénomination injurieuse de Schutzjude, Juif protégé. Michel Berr, le jeune et courageux défenseur du judaïsme, fut appelé de France en Wesphalie pour y remplir des fonctions élevées. L’Université de Gœttingue le reçut même parmi ses membres, malgré la malveillance bien connue qu’elle témoignait aux Juifs.

L’ancien agent de la cour de Brunswick, Israël Jacobson, très influent à la nouvelle cour de Cassel, fit les plus louables efforts pour se rendre utile à ses coreligionnaires. Actif, dévoué, animé de sentiments élevés, il entreprit de modifier les manières humbles et disgracieuses des Juifs et de donner à leur culte plus. d’éclat et de dignité. Dans ce but, il éleva et entretint à Seesen, à ses propres frais, une école juive qui admettait également des élèves chrétiens. À son instigation, le gouvernement de Westphalie résolut de donner, à l’exemple de la France, une organisation régulière au judaïsme. La commission chargée d’élaborer un projet, et dont la présidence échut naturellement à Jacobson, établit des consistoires sur le modèle de ceux qui avaient été créés. pour les Juifs français. Seulement, pendant