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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/352

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Parmi les princes allemands, Charles-Frédéric, grand-duc de Bade, fut le premier à accorder spontanément aux Juifs l’égalité civile. Voisin de la France, il s’était laissé gagner plus facilement aux idées libérales qui régnaient dans ce pays. Les Juifs n’obtinrent pourtant qu’une émancipation restreinte. Ainsi, les villes ne leur reconnaissaient pas les mêmes droits qu’aux chrétiens : elles interdisaient parfois le séjour aux nouveaux venus. On tenait bien compte de leurs usages religieux, mais seulement tels qu’ils sont prescrits dans la Loi de Moïse, et non pas d’après l’interprétation du Talmud. Plus tard, sur l’ordre du duc de Bade, le comte de Sternau, qui était ami des Juifs, rédigea pour eux une Constitution particulière, qui contenait pourtant des traces d’intolérance. Pour les affaires religieuses, le judaïsme badois devait être dirigé par un Conseil supérieur, nommé par le grand-duc et composé d’uni président, de deux ou trois rabbins et de deux membres laïques. Ce Conseil nommait les rabbins et les a anciens u des communautés.

La ville de Francfort aussi, où la haine du Juif était cependant si tenace chez les patriciens, sacrifia pendant quelque temps aux idées libérales. Jusqu’alors, tout Juif s’établissant dans cette ville devait jurer devant le Sénat qu’il se soumettrait aux lois humiliantes qui lui étaient imposées. Le nombre de mariages juifs était limité. Les Juifs étaient tenus de payer des impôts spéciaux, de demeurer dans un quartier sale, étroit et malsain, la célèbre Judengasse, de supporter les outrages et le cri injurieux de Mach Morèss Jud ! que leur lançait impunément le plus infime chrétien. Quand, sous la poussée des armées françaises, le saint empire germano-romain se fut écroulé et que Francfort eut été érigé en grand-duché sous l’autorité de Charles de Dalberg, archichancelier ou prince-primat de la Confédération du Rhin, les habitants juifs de cette ville n’eurent plus à subir ces restrictions.

Aucune loi ne vint pourtant sanctionner leur nouvelle situation. Malgré son esprit libéral et bienveillant, Charles de Dalberg n’osa pas heurter les idées des patriciens en émancipant complètement les Juifs. Dans la nouvelle charte ou Stättigheit qu’il rédigea au sujet des Juifs, il eut le courage de déclarer