Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/353

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qu’il était nécessaire d’abolir les anciennes lois, parce qu’elles ne répondaient plus à l’esprit du temps ni à la situation présente des Juifs. Mais, d’un autre côté, pour donner satisfaction à la classe aristocratique, il ajouta qu’il était impossible d’accorder aux Juifs l’égalité complète, tant qu’ils ne s’en seraient pas montrés dignes en modifiant leurs manières et en s’assimilant les habitudes et les mœurs des indigènes. En définitive, à la suite de la promulgation de ce nouveau règlement, ils furent traités comme des étrangers tolérés dans le pays, et, au lieu d’exiger d’eux le payement des diverses taxes particulières qui pesaient sur eux, on leur permit de s’en libérer par le versement d’une somme annuelle de 22.000 florins. On leur fit même entrevoir qu’ils pourraient bien être obligés de rentrer dans leur ghetto. Ils furent, eu effet, invités à ne plus renouveler les baux qu’ils avaient passés, sous la domination française, avec les propriétaires chrétiens des maisons qu’ils habitaient, parce qu’on ne continuerait peut-être pas à tolérer leur séjour dans tous les quartiers de la ville.

Un peu plus tard pourtant, la Constitution donnée au grand-duché de Francfort déclara tous les habitants égaux devant la loi, sans distinction de culte. Craignant qu’on ne tint pas toujours compte de cet article de la Constitution, les Juifs demandèrent à Dalberg et à ses conseillers de proclamer leur égalité par une loi spéciale. Le grand-duc y consentit en échange d’une somme de 440.000 florins, destinée à éteindre tous les impôts spéciaux payés par eux. Par décret du 28 décembre 1811, il ordonna que tous les Juifs domiciliés à Francfort et possédant le titre de protégés fussent admis, eux, leurs enfants et leurs descendants, à jouir des droits civils dans les mêmes conditions que les autres citoyens. Les Juifs prêtèrent alors serment et entrèrent dans la jouissance de leurs nouveaux droits.

Dans les villes hanséatiques du Nord aussi, sur l’ordre des autorités françaises, les Juifs obtinrent leur émancipation. Hambourg ne fit aucune difficulté pour leur accorder les mêmes droits qu’aux autres habitants (1811), et même pour les admettre au conseil municipal. La ville de Lubeck se montra plus récalcitrante. Jusqu’alors, elle n’avait toléré que dix familles juives,