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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/379

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judaïsme rabbinique. Grande fut donc la surprise des Juifs de Hambourg, dans les deux camps, quand, au commencement de 1819, parut une Lettre où Riesser, s’adressant à ses chers coreligionnaires de Hambourg, approuvait les réformes et s’élevait vivement contre les rabbins qui les combattaient. Il leur reprochait d’être des hypocrites qui entretiennent la discorde en Israël et barrent le chemin aux fils repentants, désireux de revenir vers leur Père, et il opposait le recueillement observé dans le nouveau temple au culte bruyant des synagogues orthodoxes. Dix-huit rabbins, en Allemagne, condamnèrent le nouveau Rituel de Hambourg. Mais leurs arguments ne parurent nullement probants, et leurs protestations restèrent sans effet. De plus, une des autorités religieuses les plus considérées de ce temps, le Consistoire central de France, garda le silence dans cette question. Une autre circonstance encore favorisa le parti des novateurs. Les troubles qui, dans plusieurs villes d’Allemagne, éclatèrent contre les Juifs, coïncidèrent avec le commencement des polémiques engagées au sujet des réformes. À la suite de ces désordres, bien des Juifs riches et cultivés sortirent de leur indifférence pour revenir au judaïsme. Ceux de Hambourg se joignirent à la Société du temple réformé.

De Hambourg le mouvement de réforme s’étendit peu à peu dans d’autres villes. À Leipzig, où tant de commerçants se trouvent réunis au moment de la foire, des Juifs de Hambourg et de Berlin fondèrent égaiement (septembre 1820) une synagogue réformée, dont les chants d’inauguration furent composés par Meyerbeer. Un rabbin fut spécialement attaché à cette synagogue pour la durée de chaque foire. Ce temple, où se rendaient, par conviction ou par curiosité, des Juifs venus des villes et des pays les plus divers, fut très utile pour la propagation des innovations liturgiques. D’autres communautés aussi, comme Karlsruhe, Kœnigsberg, Breslau, adoptèrent, sinon la totalité, du moins une partie des réformes de Hambourg.

Comme ces innovations menacèrent de prendre un caractère d’exagération, elles provoquèrent, outre l’opposition des orthodoxes, les attaques d’un parti qui ne réclamait pas précisément