Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

leurs croyances ; et, parmi ses sectateurs, figurent un nombre immense de Français qui, comme tous les autres, participent aux charges publiques et remplissent tous les devoirs de la société.

D’autres orateurs parlèrent encore, à la Chambre des pairs, en faveur des Juifs. Il faut citer notamment le comte Portalis, rapporteur du projet de loi, qui prononça un long discours sur le judaïsme et nomma quelques-unes de ses illustrations, Philon pour les temps les plus reculés, Maïmonide pour des époques plus récentes, et, pour les derniers siècles, ce sage Mendelssohn que l’Allemagne philosophe se plaisait à comparer à Platon. Bien que l’amiral Verhuell combattît ce projet, il fut adopté le 1er février 1831 par 57 voix contre 32. Le 8 février, Louis-Philippe ratifia cet article de la loi déclarant que les ministres du culte israélite recevront des traitements du trésor public. Ainsi disparut la dernière inégalité légale qui distinguait encore les Juifs des Chrétiens. Par un décret du 22 mars 1831, le gouvernement décida que les frais d’entretien de l’École centrale rabbinique de Metz, dont les statuts avaient été approuvés par le ministre de l’Intérieur en août 1829, seraient également payés en partie par l’État.

À cette même époque, on proposa au Sénat de Francfort de ne plus limiter le nombre des mariages juifs dans la ville. Sur quatre-vingt-dix membres, les deux tiers s’y opposèrent. Dans plusieurs villes d’Allemagne, à la nouvelle des journées de Juillet, la populace se rua contre les Juifs, et la bourgeoisie laissa tranquillement faire. Cette conduite indigne, qui révolta tous les gens de cœur, suscita aux Juifs un défenseur énergique, Gabriel Riesser, qui continua la lutte jusqu’au triomphe définitif de la cause qu’il soutenait.

Gabriel Riesser (1806-1860) était le fils de Lazare Blesser, un des partisans des réformes à Hambourg, et le petit-fils du rabbin orthodoxe Raphaël Kohn. Indifférent aux pratiques religieuses du judaïsme, il combattit pour la dignité et l’honneur de ses coreligionnaires. Avec une âpre éloquence il flétrit la conduite des gouvernements allemands, leur reprochant de ne refuser aux Juifs les droits civils que pour les pousser au baptême et, par conséquent,