Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Son activité ne se limita pas aux seuls travaux exégétiques. À l’exemple de Rapoport, il entreprit des recherches historiques. Par suite de la dispersion des Juifs et de leurs tristes pérégrinations, les plus belles œuvres de l’époque hispano-française avaient disparu. Luzzatto s’imposa la tâche difficile de les retrouver ; le succès couronna ses efforts. On sait que, lors des expulsions d’Espagne et de France, les malheureux exilés s’étaient dirigés en partie vers l’Italie et y avaient transporté la plupart de leurs trésors littéraires. Par crainte de l’Inquisition, on les avait tous cachés. D’importants ouvrages imprimés, sortis des imprimeries mêmes de l’Italie, étaient devenus d’une extrême rareté. Avec une infatigable ardeur et une pénétrante sagacité, Luzzatto s’appliqua et réussit à les découvrir. En faisant connaître le contenu de ces ouvrages, il éclaira d’un jour nouveau les annales des Juifs du moyen à,-,e et montra cette période de l’histoire avec son vrai caractère et sa véritable signification. Ce fut lui qui, par ses recherches, révéla aux savants les origines de la poésie néo-hébraïque, qui était arrivée à son apogée avec Juda Hallévi. Ce furent également ses travaux qui montrèrent pour la première fois, dans tout son éclat, l’activité intellectuelle des Juifs d’Espagne. Jusqu’à son dernier souffle, Luzzatto resta un infatigable pionnier de la science juive.

À côté du Kérém Héméd, écrit en hébreu, parurent d’autres organes rédigés dans la langue du pays, et qui, outre les diverses questions du jour, traitaient aussi des sujets scientifiques. Tels étaient l’Israelitisches Predigt-und-Scleul-Magasin (1834-1836) la Wissenschaftliche Zeitschrift für jüdische Theologie (1835-1847), d’Abraham Geiger, la Hebrew Review, fondée à Londres (1835) par le rabbin portugais Raphall, la Zeitung des Judenthums, fondée en 1837 par L. Philippson. Tous ces journaux s’appliquaient surtout à mettre en lumière les péripéties de l’histoire juive. Mais ils ne songeaient pas à faire ressortir les doctrines du judaïsme, qui ont, en quelque sorte, imposé aux Juifs une place à part dans l’humanité et leur ont valu leur long martyre. Cette vérité si importante fut principalement développée par le médecin Salomon-Louis Steinheim.

Steinheim (né à Altona en 1710 et mort à Zurich en 1866),