Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à l’Inquisition, par un bref (17 octobre 1532), de cesser toute poursuite jusqu’à nouvel ordre.

À la cour de João III aussi, des influences semblent avoir été mises en mouvement en faveur des Marranes, ou plutôt il existait alors à la cour deux partis, les amis et les adversaires de l’Inquisition. Les premiers penchaient pour l’Espagne et songeaient à taire réunir le Portugal à ce pays dans le cas où João III mourrait sans enfant. Ceux, au contraire, qui souhaitaient le maintien de l’indépendance de leur patrie, travaillaient contre l’Inquisition. De là, à la cour, pendant plusieurs années, des mines et des contre-mines. Les Marranes profitèrent sans doute de cette lutte, car Duarte de Paz obtint du pape un deuxième bref très important, qui admettait les raisons exposées par les Marranes pour expliquer leur tiédeur pour la foi chrétienne. Contraints au baptême par la violence, disait le pape, ils ne peuvent pas être considérés comme membres de l’Église, et il serait contraire à toute justice de les punir pour hérésie ou apostasie. Quant aux enfants nés des premiers Marranes, il est vrai qu’ils étaient devenus chrétiens sans avoir subi aucune contrainte. Mais, comme ils avaient vu pratiquer constamment les rites juifs dans leurs familles, il serait inique, d’après le pape, de leur appliquer les canons de l’Église avec la même rigueur qu’aux anciens chrétiens ; il vaut mieux les retenir dans le christianisme par la douceur. Par ce bref, Clément VII suspendit l’action de l’Inquisition en Portugal, évoqua devant son propre tribunal les plaintes portées contre les Marranes et prononça l’absolution et l’amnistie de tous les inculpés. Les prisonniers devaient être remis en liberté, les exilés autorisés à revenir dans leur patrie, et ceux dont on avait confisqué les biens pouvaient recouvrer ces biens.

Il faut reconnaître que Clément VII défendit avec énergie et persévérance la cause de l’humanité contre les exigences d’un étroit fanatisme. Il s’obstina à ne pas vouloir livrer sans défense les Marranes portugais aux tribunaux sanguinaires de l’Inquisition. Quoique les faits fussent connus, le pape chargea une commission composée de deux cardinaux impartiaux, Campeggio et de Cesis, et du grand pénitencier Antonio Pucci, cardinal de Santiquatro, de faire une nouvelle enquête. À la suite de leur rapport, qui rendit