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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/105

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ne l’empêche pas d’avoir la coupe fixe après la sixième, mais sans pause : 1 3½ ‖ 1 1 1 4 | 2 1½ 5 ‖ 1 1 3. Il y a ici une sorte de rejet à l’hémistiche comme dans le premier vers et un effet analogue, mais les valeurs ne sont pas les mêmes ; comme la deuxième mesure a quatre syllabes au lieu de trois elle peut monter plus haut, et la troisième mesure ayant trois syllabes au lieu de deux peut commencer plus bas, pour descendre encore, et finir en s’élevant davantage.

Valeur des chiffres employés. — Les chiffres que l’on vient de voir ne sont qu’approximatifs ; ce sont des moyennes. Si l’on voulait préciser un peu plus et noter jusqu’à des quarts d’unités, on trouverait par exemple que la quatrième mesure du premier vers : toutes mes terres, vaut 1¼ 1 1¼ 4, et que la deuxième mesure du dernier vers : je châtierai, a exactement les mêmes valeurs ; cette constatation est d’une grande importance au point de vue de l’accentuation, dont les lois ont été jusqu’à présent fort mal étudiées.

C’est parce que ces chiffres ne sont qu’approximatifs qu’ils sont justes ; plus précis ils ne pourraient représenter qu’une prononciation individuelle, et non pas la moyenne des prononciations correctes ; toute diction qui s’en écarterait notablement et surtout qui en changerait les rapports, serait incorrecte ou fausserait le sens. Tels quels, ils représentent assez bien les rapports que peut saisir une oreille délicate et exercée. Mais il ne faut pas toujours se fier sans réserve à son oreille lorsqu’il s’agit d’intensité ; diverses causes risquent de l’induire en erreur dans l’appréciation de l’intensité relative d’une syllabe, par exemple la présence dans