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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/106

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cette syllabe d’une consonne plus sensible ou plus bruyante que les autres. On dispose aujourd’hui d’un moyen de contrôle excellent avec les appareils enregistreurs que fournit la phonétique expérimentale.

Ondulation du mouvement rythmique. — Ce qui vient d’être dit du premier hémistiche du deuxième vers peut s’appliquer au vers tout entier, et d’une manière générale à tous les vers français : c’est une ondulation. Il n’y a en eux rien de violent, rien de heurté. L’examen des chiffres donnés plus haut pourrait faire croire le contraire ; ainsi dans : ciel bleu n’emplirait, les deux syllabes bleu et n’em- sont évaluées respectivement à 5 et 1, c’est-à-dire les deux extrêmes en contact ; et il n’y av as entre ces deux syllabes la moindre pause pour amortir le choc. Mais il ne se produit aucun choc ; ces chiffres 5 et 1 des totaux de trois éléments qui y entrent dans des proportions différentes ; il y a ainsi des sortes de compensations. Si la syllabe bleu était cinq fois plus intense que la syllabe n’em-, on ne passerait de la première à la seconde qu’en faisant une véritable chute ; mais il n’en est pas ainsi. La syllabe bleu, qui dure environ quatre fois plus que la syllabe n’em-, a au début une intensité considérable ; mais son intensité commence à diminuer dès le premier tiers de sa durée pour devenir graduellement presque nulle. La syllabe n’em- est beaucoup plus courte que la syllabe bleu, mais son intensité est notablement plus grande que celle de la seconde moitié de la voyelle eu ; voilà comment les contrastes sont atténués.

Effets particuliers. — Cette analyse, toute rapide qu’elle soit, a permis d’entrevoir en passant que le