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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/114

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rieure du palais ou au niveau du voile du palais : eu ouvert (comme dans le mot neuf ; c’est aussi l’e dit muet comme dans frelon), la voyelle nasale un (dont le substratum oral est précisément eu ouvert), a, la voyelle nasale an, ò ouvert, ó fermé, la voyelle nasale on, ou ; on peut distribuer ces voyelles graves en deux groupes, en appelant sombres les trois qui sont le plus fermées, ou, o fermé, on, et éclatantes les quatre autres, a, o ouvert, eu ouvert, un.

On doit noter enfin que les voyelles nasales, quelle que soit la catégorie à laquelle elles appartiennent, sont toutes comme voilées par la nasalité.

Les voyelles aiguës. — Les voyelles aiguës donnent l’impression de l’acuité, qu’il s’agisse d’un bruit, d’un cri ou d’un sentiment qui pourrait arracher des cris aigus :

Le fIfre aux crIs aigUs, le hautbois au son clair.

(Lamartine, Jocelyn)

Avec un crI sInIstre, il tournoie, emporté.

(Heredia, La Mort de l’Aigle)

Tout m’afflIge et me nuIt, et conspIre à me nuIre.

(Racine, Phèdre)

Dans ce dernier vers on entend la plainte aiguë, prolongée et perçante de Phèdre ; dans le passage suivant, c’est la colère et le désespoir qui retentissent en cris aigus :

 … Tais-toi, perfIde !
Et n’impUte qu’à toi ton lâche parricIde…
Barbare, qu’as-tu fait ? Avec quelle furIe
As-tU tranché le cours d’une si belle vIe ?
Avez-vous pU, cruels, l’immoler aujourd’huI,